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Raid meurtrier en Cisjordanie : la rapporteur de l'ONU s'indigne du tweet d'un député israélien

Après un raid israélien meurtrier en Cisjordanie, la rapporteur spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens occupés a dénoncé le silence de la communauté internationale et un tweet d'un député israélien de droite radicale

«Alors que les forces israéliennes tuent un Palestinien toutes les 21 heures, je ne suis pas sûre de trouver plus troublant d'entendre des politiciens israéliens faire l'éloge de ces meurtres, ou de ne pas entendre un appel fort et commun de la communauté internationale pour demander des comptes à Israël.» C'est par ces mots que la rapporteur spéciale de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, a exprimé son indignation après un raid meurtrier de l'armée israélienne en Cisjordanie le 26 janvier.

Dans son message, l'experte indépendante fait référence à un tweet du député israélien de droite radicale, Almog Cohen, élu du parti Otzmah Yehudit, dans lequel il a félicité Tsahal pour son opération à Jénine, au cours de laquelle neuf Palestiniens ont été tués dont une femme âgée d'une soixantaine d'années. «Bon travail professionnel des combattants à Jénine, continuez à les tuer», a écrit Almog Cohen sur Twitter, après l’annonce de ce raid, le plus meurtrier en Cisjordanie depuis des années.

Selon le Times of Israël, Twitter a suspendu temporairement le compte de ce politicien car il violait ses conditions d’utilisateur. Mais l'homme a rapidement riposté en dénonçant la «pire forme de censure». «Il est clair pour tout le monde que mon intention était destinée aux terroristes impliqués et non aux passants», a-t-il déclaré, réitérant son appel à «continuer à les tuer», rapporte le média israélien.

Dix Palestiniens tués

Un dixième Palestinien a été tué par des tirs israéliens à Al-Ram, près de Ramallah, a rapporté le ministère palestinien de la Santé. Les Nations unies n'ont pas recensé de bilan aussi élevé pour une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis qu'elles ont commencé à comptabiliser en 2005 les victimes du conflit israélo-palestinien, rapporte l'AFP. 

L'armée israélienne assure avoir mené une «opération de contre-terrorisme» visant des membres de l'organisation Djihad islamique palestinien qui, d'après le ministre de la Défense Yoav Gallant, planifiaient une attaque en Israël.

L'armée israélienne a également procédé ce 27 janvier à des frappes sur la bande de Gaza. Israël, qui tient le Hamas au pouvoir à Gaza pour responsable de tous les tirs de projectiles en provenance de ce territoire, a annoncé y avoir mené au moins deux séries de frappes nocturnes contre des infrastructures du mouvement islamiste, dans le nord et dans le centre. Des roquettes en provenance de Gaza auraient été tirées suite au raid à Jénine la veille. Ces tirs de roquettes, interceptées pour la plupart par le système de défense antiaérien israélien, n'ont pas été revendiqués.

A la suite du raid israélien, l'Autorité palestinienne a dénoncé «un massacre» et annoncé mettre fin à la coopération sécuritaire avec Israël, une première depuis 2020. Le département d'Etat américain a dit regretter cette décision, jugeant «très important que les parties maintiennent, voire approfondissent, leur coordination sécuritaire». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, doit se rendre les 30 et 31 janvier en Israël et Cisjordanie pour insister, selon Washington, sur «la nécessité urgente de prendre des mesures de désescalade».

Les Emirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, ont «condamné l'assaut des forces israéliennes» et appelé à l'organisation d'une réunion «urgente» du Conseil de sécurité de l'ONU.

Du gaz lacrymogène dans l'unité pédiatrique d'un hôpital à Jénine

La ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a en outre accusé les forces israéliennes d'avoir tiré du gaz lacrymogène dans l'unité pédiatrique d'un hôpital de Jénine lors de leur opération, ce que l'armée a démenti.

L'armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, mène des opérations quasi-quotidiennes à travers ce territoire palestinien, particulièrement dans les secteurs de Jénine et Naplouse, bastions de factions palestiniennes armées.

Le camp de Jénine, qui date de 1953, abrite plus de 23 000 réfugiés selon l'Unrwa, l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens. En mai 2022, la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, vedette de la chaîne Al Jazeera, y avait été tuée d'une balle en plein visage alors qu'elle couvrait un raid israélien, tout en portant un casque et un gilet pare-balle avec l'inscription «Press» bien en évidence.

Les décès du 26 janvier portent à 30 le nombre de Palestiniens, civils ou membres de groupes armés, tués depuis le début de l'année 2023 dans des violences avec des forces ou des civils israéliens.