Voilà une réalité que désormais – presque – plus personne ne nie : en Ukraine, la Russie est indirectement opposée à l'OTAN et à son donneur d'ordre américain. Cité par le média Istra24, ce constat a ainsi été établi le 15 janvier par le président croate Zoran Milanovic, dont le pays est lui-même membre de l'Alliance atlantique : «Washington et l'OTAN mènent une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine.»
S'adressant à des journalistes croates, Zoran Milanovic a déploré la stratégie de l'OTAN, expliquant que le plan ne pouvait pas être «d'éliminer [Vladimir] Poutine» ou de mettre en place d'énièmes sanctions ; ces mesures punitives, qu'il qualifie de «non-sens», selon lui ne mèneront à rien en plus d'être contreproductives. Et le chef d'Etat de se montrer particulièrement critique à l'égard des actions des Etats-Unis, et de leurs répercussions pour son pays : «Ils vont de guerre en guerre. Et qu'est-ce que je devrais être ? Un esclave américain ?»
Pour la première fois de son histoire, l'UE participe à une guerre
Zoran Milanovic s'en est par ailleurs pris au Premier ministre croate, Andrej Plenkovic qui avait estimé la veille auprès de France 24 que lorsque les parlementaires du pays n'avaient pas soutenu le programme de l'UE visant à former le personnel militaire ukrainien dans les Etats membres, ils avaient «échoué à être du bon côté de l'histoire». Une remarque qui selon Zoran Milanovic fait «honte» à son pays et «à ses représentants démocratiques devant les autres pays», ce type de propos s'apparentant selon lui au «fond du fond».
Quant à la mission de l'UE, le président croate a averti qu'elle signifiait ni plus ni moins que «pour la première fois de son histoire, l'UE participe à une guerre». Et selon Zoran Milanovic, au-delà des considérations morales, cela irait à l'encontre du traité sur le fonctionnement de l'UE.
Le président croate critique depuis des mois l'attitude adoptée par l'UE dans le conflit : en décembre dernier, il avait par exemple affirmé que l'entraînement de troupes ukrainiennes sur le sol croate «apporterait la guerre» à la nation des Balkans.
Il avait également insisté à l'époque sur le fait que «l'Ukraine n'est pas un allié» de Zagreb, qualifiant la décision de Bruxelles d'accorder à Kiev le statut de candidat de «cynique». Une position que ne partage pas le chef de l'exécutif croate...