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La Turquie n’entend pas faire ratifier l’adhésion de la Suède à l'OTAN dans les conditions actuelles

Après des provocations de partisans du PKK en Suède, Ankara a annoncé qu’elle n’entérinerait pas la ratification de l’adhésion du royaume scandinave à l'OTAN. Depuis plusieurs mois, Ankara réclame à Stockholm l’extradition de membres du PKK.

La Turquie n'est «pas en situation» de ratifier l'adhésion de la Suède à l'OTAN en l'état, a estimé ce 14 janvier Ibrahim Kalin, porte-parole et conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan, après un nouvel incident survenu cette semaine. «Nous ne sommes pas en situation d'envoyer la loi [pour ratification] au Parlement, nous avons un vrai problème à ce sujet» a-t-il assuré, affirmant que les députés risqueraient de la rejeter.

Ankara a vivement réagi le 12 janvier à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant la pendaison par les pieds d’un mannequin censé représenter d’Erdogan. La scène aurait eu lieu lors d’une manifestation de partisans du PKK, devant l’hôtel de ville de Stockholm.

Dans ce montage vidéo, réalisé par un groupe proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Suède, ce simulacre de pendaison du président turc est comparé à l’exécution de Benito Mussolini. «L’histoire a montré que c’est ainsi que finissent les dictateurs», peut-on lire en sous-titre.

Le gouvernement suédois dénonce un «sabotage» contre sa candidature à l’OTAN

Dans la foulée de cette provocation du PKK, l'ambassadeur de Suède à Ankara a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères. En octobre, l’ambassadeur scandinave avait déjà été convoqué après les moqueries d’une émission de la télévision publique suédoise à l’encontre du président turc.

Le 13 janvier, l’avocat du président turc a annoncé sur Twitter avoir déposé plainte auprès du Parquet général d’Ankara. De son côté, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, disant comprendre l’indignation de la Turquie, a dénoncé un acte de «sabotage» contre la demande suédoise de devenir membre de l’Alliance atlantique.

Ce nouvel incident intervient alors que la Turquie bloque depuis le mois de mai l'entrée de la Suède – ainsi que celle de la Finlande – dans l'OTAN, l'accusant d'héberger sur son territoire des membres du PKK et d'organisations alliées à celui-ci, qu'elle considère comme étant terroristes.

«Ce n'est pas bon pour la Suède d'apparaître sous ce jour», selon Ankara

«Nous sommes engagés dans ce processus depuis six ou sept mois et ce n'est pas bon pour la Suède d'apparaître sous ce jour», a insisté le porte-parole du président turc Ibrahim Kalin devant des journalistes de plusieurs médias internationaux, dont l'AFP. Et d'ajouter : «Nous voulons avancer et progresser, mais si ce genre d'incidents continuent cela ralentira le processus.»

Pour Ibrahim Kalin, la Suède doit envoyer «un message clair» concernant l'attitude des membres du PKK sur son sol. «Ils doivent [...] par exemple garantir que [les membres du PKK] ne peuvent plus recruter ni collecter d'argent» sur le sol suédois, selon le conseiller turc. Il a reconnu néanmoins que le nouveau gouvernement suédois avait réalisé plusieurs pas importants dont la visite, «très appréciée», du Premier ministre suédois à Ankara peu après son accession au pouvoir ainsi que «l'amendement de la Constitution, une avancée positive». Mais il faudra encore attendre «six mois» avant que les nouvelles lois afférentes ne soient écrites et validées par le Parlement, a-t-il remarqué. Par ailleurs, Ibrahim Kalin a affirmé que la Turquie «ne demande rien à la Suède ou à la Finlande qui ne soit conforme à leur loi : nous sommes très réalistes».

Le gouvernement turc a notamment réclamé l'expulsion de plusieurs membres du PKK, ainsi que du mouvement Fetö accusé d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat de 2016. A ce stade, un membre du PKK a été renvoyé par Stockholm début décembre – et aussitôt emprisonné en Turquie.