Les révélations sur le fonctionnement de Twitter avant la prise de fonction d'Elon Musk se poursuivent, le journaliste américain Alex Berenson ouvrant le 9 janvier le volet de la censure des informations concernant le Covid-19 sur le réseau social.
A ce sujet, le journaliste, qui a eu accès aux échanges internes de la plateforme, se concentre sur une discussion entre un responsable de Twitter et Scott Gottlieb. Directeur de la Food and Drug Administration (FDA) de 2017 à 2019, Gottlieb est ensuite devenu membre du conseil d'administration de Pfizer (payé 365 000 dollars par le laboratoire pharmaceutique en 2021) et était un intervenant fréquent de la chaîne CNBC sur le Covid et les mesures dites sanitaires.
C'est à ce titre qu'il contacte le réseau social le 27 août 2021, pour se plaindre d'un message du docteur Brett Giroir, son successeur à la tête de la FDA. Commentant les résultats d'une étude menée en Israël, Brett Giroir expliquait qu'il était désormais «clair que l'immunité naturelle contre le Covid [était] supérieure à l'immunité [conférée] par le vaccin, de beaucoup». «Il n'y a aucune justification scientifique [de la nécessité d'apporter] la preuve d'une vaccination si une personne a eu une infection antérieure», poursuivait-il à l'attention des autorités sanitaires, alors en pleine réflexion sur le pass vaccinal.
Même s'il concluait son tweet d'une injonction favorable à la vaccination – «Si aucune infection antérieure ? Faites-vous vacciner !» –, l'opinion exprimée par Brett Giroir était visiblement dangereuse aux yeux de Scott Gottlieb. «Voici le genre de chose qui est corrosive. [...] Son tweet va finir par devenir viral et va être couvert par les médias», écrit-il à Todd O'Boyle, lobbyiste de Twitter à Washington et point de contact de l'entreprise avec la Maison Blanche, pour en demander la censure.
Ce dernier transmet alors la requête à l'équipe «Réponse stratégique» de Twitter, leur demandant de «consulter ce rapport de l'ancien directeur de la FDA»... sans mentionner que Scott Gottlieb est un membre du conseil d'administration de Pfizer, et a donc un intérêt financier dans la promotion de la vaccination contre le Covid-19.
Bien qu'un analyste de l'équipe «Réponse stratégique» de Twitter constate que le tweet ne viole aucune des règles de désinformation de l'entreprise, le réseau social s'exécute rapidement, empêchant le partage et la visibilité du tweet et y apposant une étiquette «trompeur», toujours en vigueur à ce jour.