«Moins de 1 000 militaires de la Bundeswehr ont demandé à être exemptés de servir en zones de guerre», relate la chaîne de telévision Deutsche Welle. Plus précisément, 951 demandes ont été formulées en ce sens en 2022, d’après les déclarations au réseau éditorial RND (Redaktionsnetzwerk Deutschland) d’un porte-parole du ministère de la Famille et des Affaires civiles, publiées le 6 janvier.
La possibilité pour les soldats allemands d’être relevés des missions de combat remonte à l’époque du service militaire obligatoire. Celui-ci étant devenu volontaire en juillet 2011, les personnes s’étant enrôlées avant cette date conservent la possibilité d’émettre de telles demandes.
Une liberté largement insuffisante, juge la Société allemande de la paix (DFG-VK) auprès de la RND. Aux yeux de Michael Schulze von Glasser, à la tête de cette organisation pacifiste, nombre de militaires auraient été attirés dans les rangs par des promesses qui «n’ont rien à voir avec la réalité».
Ces objecteurs de conscience représentent «bien moins de 1% des troupes», relativise la radio allemande. Néanmoins, ces demandes sont près de cinq fois plus nombreuses qu’en 2021, où 201 soldats avaient réclamé de ne pas être envoyés sur un théâtre extérieur.
Le ministère fédéral de la Défense (BMVg) dément lui aussi l'interprétation selon laquelle les soldats allemands ne seraient plus disposés à faire la guerre. Il faut dire que le chiffre peut interpeller à l’heure où Berlin ambitionne de faire de son armée le «pilier» de la défense conventionnelle en Europe.
Offrir une «sortie facile de l’armée» aux soldats ne voulant pas se battre
Par ailleurs, l’engouement des jeunes Allemands pour le service militaire serait en recul depuis le début de l’année, à en croire un porte-parole de l’Office fédéral de la gestion du personnel de la Bundeswehr, cité par la RND.
Là encore, une telle tendance pourrait à terme s’avérer dangereuse pour l'armée allemande, qui entend augmenter ses effectifs – de 183 000 actuellement à 203 000 – d’ici 2027. Le conflit en Ukraine et les «tensions accrues, en particulier avec la Russie», semblent justifier de telles tendances.
En cette période «explosive», Michael Schulze von Glasser appelle donc la Bundeswehr à offrir «une sortie facile de l’armée» à tous ceux qui «ne veulent pas tirer sur d'autres personnes, les tuer ou les blesser».
Maxime Perrotin