Les fidèles souhaitant se recueillir devant le corps de Benoît XVI ont formé une longue file d'attente serpentant sur la célèbre place Saint-Pierre, dès l'aube ce 2 janvier, en présence de nombreux médias et d'un important dispositif de sécurité.
La dépouille de Joseph Ratzinger repose sur un catafalque tendu de tissu jaune doré, encadrée de deux gardes suisses en tenue d'apparat montant la garde, devant l'autel principal de la basilique dominé par un baldaquin de bronze aux colonnades torsadées.
Le défunt pape est vêtu de rouge (la couleur du deuil papal) et coiffé d'une mitre blanche ornée d'une ganse dorée, un chapelet dans les mains.
Les fidèles défilent en arrivant par l'allée centrale de la plus grande église du monde, la plupart photographiant le corps de l'ancien pape avec leur smartphone. Certains prient ou font le signe de croix en passant devant son catafalque.
Un grand cierge est allumé derrière lui et de nombreuses bougies brûlent à l'arrière-plan. Plusieurs cardinaux et membres de la Curie sont présents, dont le secrétaire particulier du pape émérite, Monseigneur Georg Gänswein, qui reçoit des poignées de main en signe de condoléances.
Georgia Meloni présente
L'entrée est libre et ne nécessite pas la réservation de billets. La Premier ministre italienne Giorgia Meloni figurait parmi les premiers visiteurs.
La basilique Saint-Pierre, chef-d'œuvre d'architecture mêlant les styles Renaissance et Baroque achevé en 1626, est l'un des lieux les plus saints du christianisme, puisqu'elle abrite la sépulture de l'apôtre saint Pierre, disciple du Christ et premier évêque de Rome, dont les papes sont les successeurs.
Brillant théologien et fervent gardien du dogme, Benoît XVI, qui avait renoncé en 2013 à sa charge, s'est éteint paisiblement le 31 décembre au monastère où il vivait depuis sa renonciation, situé au cœur des jardins du Vatican
C'est le pape François qui célébrera le 5 janvier les funérailles de son prédécesseur, un événement inédit dans l'histoire deux fois millénaire de l'Eglise catholique qui mettra un point final à la cohabitation insolite des deux hommes en blanc.
Gardien du dogme
La cérémonie, «solennelle mais sobre» selon le Vatican, se tiendra le 5 janvier à partir de 9h30 place Saint-Pierre, là-même où les funérailles de son prédécesseur Jean Paul II avaient attiré un million de personnes en 2005. Le premier pape allemand de l'histoire moderne sera ensuite inhumé dans une crypte de la basilique.
Les derniers mots de Benoît XVI, prononcés en italien quelques heures avant sa mort en présence d'une infirmière à son chevet, ont été : «Seigneur, je t'aime», a rapporté Mgr Georg Gänswein.
Après ses huit ans d'un pontificat marqué par de multiples crises, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l'Eglise. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu'il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander «pardon» mais avait assuré n'avoir jamais couvert de pédocriminel.
Né en 1927, Joseph Ratzinger a enseigné la théologie durant 25 ans en Allemagne avant d'être nommé archevêque de Munich. Il est ensuite devenu le strict gardien du dogme de l'Eglise durant un autre quart de siècle à Rome à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, puis pape pendant huit ans, succédant à Jean Paul II.
Dernier pape à avoir participé au Concile Vatican II, il a défendu une ligne conservatrice à la tête de l'Eglise, notamment sur l'avortement, l'homosexualité et l'euthanasie.