Le dirigeant Kim Jong Un a appelé à une «augmentation exponentielle de l'arsenal nucléaire» de la Corée du Nord pour faire face à son voisin du Sud et aux Etats-Unis. Au terme d'une grande réunion à Pyongyang, le Parti des travailleurs au pouvoir a également annoncé que le pays allait «développer un nouveau système de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) dont la principale mission sera une rapide contre-attaque nucléaire», a rapporté ce 1er janvier l'agence nord-coréenne KCNA.
«La situation actuelle appelle à redoubler d'efforts pour renforcer massivement la force militaire afin de garantir pleinement la souveraineté, la sécurité et les intérêts fondamentaux [de la Corée du Nord] en réponse aux manœuvres militaires inquiétantes des Etats-Unis et d'autres forces hostiles», a déclaré Kim Jong-Un, selon un compte-rendu de la réunion du Parti publié par l'agence.
«Cela souligne l'importance et la nécessité d'une production de masse d'armes nucléaires tactiques et appelle à une augmentation exponentielle de l'arsenal nucléaire du pays», a-t-il poursuivi.
Dans une autre dépêche, KCNA a rapporté des propos de Kim Jong Un selon lesquels la Corée du Sud était désormais «entièrement à la portée de frappes» nucléaires nord-coréennes.
Le ministère sud-coréen de la Défense a qualifié les dernières déclarations de Kim Jong-Un de «rhétorique provocatrice qui nuit sérieusement à la paix et à la stabilité de la Péninsule coréenne». «Nous avertissons fermement la Corée du Nord que toute tentative d'utiliser des armes nucléaires se traduira par la fin du régime de Kim Jong Un», a-t-il affirmé.
La tension est montée de façon spectaculaire ces derniers mois entre la Corée du Nord et son voisin du Sud ainsi que les Etats-Unis et le Japon. L'année 2022 a été marquée par un nombre record de tirs de missiles par Pyongyang.
Trois missiles balistiques à courte portée ont encore été tirés par la Corée du Nord le 31 décembre, et un autre le 1er janvier à l'aube. KCNA a évoqué «un exercice de tir de lanceurs de roquettes multiples de très grande taille».
Et le 26 décembre, la Corée du Sud avait accusé cinq drones nord-coréens d'avoir pénétré dans l'espace aérien du Sud, survolant même le nord de la capitale Séoul. Malgré le déploiement d'avions de chasse et d'hélicoptères cinq heures durant, l'armée du Sud avait été incapable d'abattre les drones lors de cette incursion, la première du genre depuis cinq ans.
Pour Lim Eul-chul, professeur à l'université Kyungman, les nouvelles déclarations de Kim Jong-Un indiquent que la Corée du Nord «se prépare à la possibilité d'une guerre réelle après l'effondrement actuel des relations intercoréennes».
Si, comme c'est probable, la Corée du Sud et son allié américain répondent par un accroissement de leurs manœuvres militaires conjointes, les tensions entre les deux Corées atteindront un «niveau sans précédent» en 2023, avertit-il.
«Il est raisonnable de prédire que la Péninsule coréenne pourrait devenir une deuxième Ukraine si la situation est mal gérée», ajoute cet analyste.