Lors de sa conférence de presse annuelle le 21 décembre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban n'a pas mâché ses mots à l'égard de ses partenaires européens. «Les Hongrois souhaiteraient que le Parlement européen soit dissous sous sa forme actuelle», a-t-il taclé.
Ses propos font écho au récent scandale de corruption au sein du Parlement européen. La vice-présidente de l'institution européenne Eva Kaili est accusée d'avoir reçu directement de l'argent du Qatar pour défendre les intérêts de l'émirat alors que celui-ci accueillait la Coupe du monde de football.
Le chef du gouvernement hongrois estime que ce scandale «attire l'attention sur le fait que les parlements nationaux disposent d'un système de contrôle plus solide», ajoutant que les législateurs des parlements des Etats membres devraient être délégués au Parlement européen, au lieu d'être élus séparément.
«Et ils [les partenaires européens] connaissent évidemment notre position politique : le marécage doit être asséché», renchérit Viktor Orban, qui reprend à son compte un slogan souvent utilisé par l'ancien président américain Donald Trump («Drain the swamp»), dont il partage certaines orientations politiques, notamment sur la question migratoire.
Orban : «Si cela dépendait de nous, il n'y aurait pas de politique de sanctions»
Au cours de cette conférence de presse, le Premier ministre hongrois s'en est également pris à la politique des sanctions européennes contre la Russie. «Si cela dépendait de nous, il n'y aurait pas de politique de sanctions», a-t-il déclaré, précisant qu'il était de l'intérêt de la Hongrie de maintenir une coopération avec la Russie. Le pays d'Europe centrale dépend fortement des importations d'énergie russe. Le 7 décembre, Budapest avait opposé son veto à une aide financière européenne de 18 milliards de dollars à l'Ukraine.
De surcroît, l'homme d'Etat hongrois a dénoncé la «hongrophobie» régnant selon lui dans les cercles dirigeants de l'Union européenne, celle-ci conditionnant le versement de fonds réservés à Budapest à la mise en œuvre de réformes anti-corruption.
Un compromis a finalement été trouvé mi-décembre lorsque les Etats membres ont accepté de réduire le montant des sommes gelées, mais près de 12 milliards d'euros demeurent suspendus, l’UE jugeant «insuffisantes» les mesures déjà adoptées par Budapest, qui a levé son veto à l'impôt minimum sur les multinationales et à une aide de 18 milliards d'euros à l'Ukraine. Plus précisément, 6,3 milliards doivent être versés à la Hongrie dans le cadre du budget européen 2021-2027 d'une part, et 5,8 milliards au titre du plan de relance post-Covid d'autre part.