Charles Michel a accordé un entretien à plusieurs journaux européens publiés le 4 décembre après une visite en Chine le 1er décembre où il a rencontré le président Xi Jinping. Il a abordé sans langue de bois les dangers que courent l'Europe avec la crise énergétique, mais aussi les divergences d'intérêt pouvant exister entre l'Union européenne et les Etats-Unis dans certains dossiers.
«L'Union européenne ne peut pas être la victime collatérale des tensions générées par la compétition entre la Chine et les Etats-Unis», a-t-il déclaré aux Echos, reconnaissant tout de même une convergence avec Washington sur l'évolution de la Chine «plus assertive, plus offensive». Mais aussitôt, il a estimé que l'UE avait «son propre destin, ses propres réalités économiques à faire valoir» au niveau mondial.
Car pour le président du Conseil européen, la situation de l'Europe est plus préoccupante que celle des Etats-Unis, pays exportateur d'énergie. L'Europe paierait pour sa part «la facture extrêmement lourde de la crise énergétique» ce qui l'amènerait «à un appauvrissement et à un risque de récession économique».
Charles Michel a aussi tancé le protectionnisme américain : «Ce débat n'est pas nouveau : c'est très difficile par exemple pour des entreprises européennes de participer à des marchés publics aux Etats-Unis [...] Il nous faut une globalisation plus équitable avec davantage de standards communs», a-t-il affirmé.
L'Union européenne ne peut pas être la victime collatérale des tensions générées par la compétition entre la Chine et les Etats-Unis
En fin d'entretien, Charles Michel a été interrogé sur sa supposée mauvaise relation avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. «Nous avons des relations professionnelles et cela fonctionne très bien lorsque nous sommes dans notre rôle respectif», a expliqué l'homme politique belge, mettant en avant les réussites supposées de cette collaboration : «Unité sur les sanctions contre la Russie» et «soutien à l'Ukraine». Il a cependant abordé à demi-mots des désaccords sur la gestion de l'énergie qui doivent selon lui être réglés au plus vite.
Pas d'inflexion de Pékin sur l'Ukraine
Le Monde a décrit la visite de Charles Michel à Pékin comme peu efficace et estimé que ce dernier était reparti «les mains vides ou presque», sans signe envoyé par le président chinois d'inflexion de ses positions sur l'Ukraine. Il n'aurait, toujours selon le quotidien, reçu qu'une «concession symbolique» : la reprise du dialogue Chine-Union européenne sur les droits de l'Homme, interrompu en 2021 sur fond de tensions sur le dossier des Ouïgours.