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Propos sur les minorités russes : pour Kadyrov, le pape est «victime de la propagande»

Le dirigeant tchétchène a réagi aux déclarations de François sur la «cruauté» des Tchétchènes. Selon Ramzan Kadyrov, ce sont les préceptes de l'islam qui guident les engagés en Ukraine, combattant avec «honneur» et dans le «respect» de l'ennemi.

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a fort peu apprécié les déclarations du pape François sur la plus grande cruauté dont feraient preuve les soldats russes issus de minorités participant à l'offensive en Ukraine, et a vertement réagi sur Telegram en le qualifiant de «victime de la propagande» des médias occidentaux.

Les préceptes de l'islam guident les combattants tchétchènes, d'après Kadyrov 

«J’aurais pu lui rappeler en guise de réponse l'Inquisition, les croisades», a-t-il lancé dans un message publié le 30 novembre, évoquant aussi «les récentes exécutions de soldats russes non armés» par les forces ukrainiennes. Ramzan Kadyrov a cependant tenu à mettre l'accent sur ce qui guide, selon lui, chaque Tchétchène, «que ce soit en temps de guerre ou en vie de paix», à savoir l'islam. «Nous ne commençons pas un combat sans proposer la paix, comme l'a fait notre prophète Mahomet», a-t-il expliqué, assurant que les soldats tchétchènes savaient très bien «qu'à la guerre il ne faut pas oublier l'honneur, la dignité et le respect même de l'ennemi».

«De plus, chaque musulman sait qu'un ennemi qui a prononcé la shahada (reconnaissance d'Allah comme le seul Dieu) ne peut pas être tué ou haï comme un ennemi», et que «celui qui s'est repenti doit être pardonné», a-t-il développé. Se plaçant sur le terrain théologique, le dirigeant a jugé «honteux» qu'une personnalité religieuse mondialement connue telle que le pape ne sache pas «quelle est l’attitude des musulmans envers l'ennemi». Réfutant toute «cruauté» de la part des engagés dans le conflit ukrainien, tous «profondément religieux», Ramzan Kadyrov a également souligné qu'il n'y avait «pas un seul alcoolique ou toxicomane» dans leurs rangs.

La caractérisation ethnique opérée par le pape l'a d'ailleurs étonné : «Comment déterminer à l'œil nu dans un détachement [...] l’ethnie d'un soldat russe, si plus de 190 ethnies cohabitent dans notre pays ?», a-t-il interrogé, avant de conclure que le pape ne pourrait «évidemment pas répondre à cela», puisqu'il serait simplement «victime de la propagande et de l'insistance des médias étrangers».

Dans une interview accordée à la revue jésuite américaine America, publiée le 28 novembre, le pape avait évoqué la «cruauté» à laquelle l'Ukraine serait confrontée avec l'offensive russe. «Quand je parle de l'Ukraine, je parle de la cruauté parce que j'ai beaucoup d'informations sur la cruauté des troupes» qui arrivent en Ukraine, a déclaré le souverain pontife, qui s'exprimait en espagnol. «Les plus cruels sont peut-être ceux qui viennent de Russie, mais qui ne sont pas de tradition russe, comme les Tchétchènes, les Bouriates, etc.», a-t-il déclaré.

Les propos du souverain pontife ont suscité des réactions indignées en Russie. L'ambassadeur de Russie auprès du Vatican a déposé une plainte officielle après ces déclarations. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a fustigé «la perversion» de ces déclarations, alors que des responsables religieux tels que le chef spirituel des bouddhistes de Bouriatie a critiqué «les mots méchants» employés par le pape. L'ONG Free Buryatia Foundation, qui apporte une assistance juridique aux soldats russes refusant de prendre part à l'offensive en Ukraine, a aussi dénoncé l'usage de «stéréotypes racistes».