Un court ajout, mais qui risque de faire grand bruit. Comme l'ont repéré plusieurs médias, dont CNN ou encore BFM TV, le réseau social a expliqué que sa politique destinée à lutter contre la «désinformation» sur le Covid-19 ne s'applique plus.
«Depuis le 23 novembre 2022, Twitter n'applique plus la politique relative aux informations trompeuses concernant la Covid-19», annonce un court texte dans la section intitulée «Politique en matière d'informations trompeuses sur le Covid‑19». Un paragraphe ajouté récemment, entre le 21 et le 28 novembre selon Newsweek. En revanche, la version française n'avait pas encore été modifiée ce 29 novembre.
Avec cette annonce, le réseau social d'Elon Musk n'entend donc plus filtrer les fausses informations en matière de Covid-19. Jusqu'à présent, ses règles interdisaient «d'utiliser les services Twitter pour partager des informations fausses ou trompeuses sur le Covid‑19 susceptibles d'entraîner un préjudice».
Précédemment, la suspension du compte pouvait intervenir dès lors qu’un utilisateur répandait des« allégations mensongères» au sujet du Covid-19. Parmi elles, «l’évocation d'une conspiration délibérée de forces malveillantes et/ou puissantes». Par exemple, les thèses soutenant que la pandémie permet de déployer des plans de contrôle de la population, ou que les effets indésirables des vaccins «sont dissimulés par les gouvernements et le secteur médical». La remise en cause du processus de validation des vaccins par les agences de santé, celui de Pfizer en tête, était également susceptible de déboucher sur une sanction, tout comme la promotion de traitements non approuvés.
Entre janvier 2020 et septembre 2022, Twitter a suspendu plus de 11 000 comptes qui avaient enfreint ces règles relatives au Covid-19 et supprimé près de 100 000 contenus qui violaient ces règles, selon les statistiques publiées par la plateforme citées par CNN. Début mars 2021, le réseau social avait annoncé un renforcement de sa lutte contre la désinformation sur les vaccins mise en place au printemps 2020, avec notamment la possibilité de bannir les utilisateurs au bout de cinq rappels à l'ordre. Quelques mois auparavant, le réseau social avait décidé de supprimer les publications mensongères sur les vaccins contre le Covid-19, emboîtant le pas à Facebook et à YouTube.
Plusieurs contempteurs des mesures sanitaires voire l'obligation vaccinale se sont félicités de tournant dans la politique de modération des contenus de Twitter, à l'instar du dirigeant des Patriotes, Florian Philippot, qui y a vu une «magnifique victoire face à la propagande covidiste». «La science a besoin du libre débat !», s'est-il réjoui.
Lui-même très critique à l'encontre des mesures sanitaires adoptées au Etats-Unis au début de l'épidémie, Elon Musk avait annoncé le 24 novembre 2022, à la suite d'un sondage réalisé auprès des utilisateurs du réseau social, qu'il comptait rétablir rapidement les comptes suspendus, «à condition qu'ils n'aient pas enfreint la loi ou envoyé des spams de façon scandaleuse». Une annonce conforme à la vision radicale de la liberté d'expression véhiculée par le patron de Tesla, mais qui avait fait craindre à certains, notamment du côté de l’Union européenne, des abus en termes de désinformation ou d’expression de propos haineux sur le réseau social.
Le régulateur français de la communication audiovisuelle et numérique, l'Arcom, a ainsi exprimé le 22 novembre sa «vive inquiétude» quant à la «capacité de Twitter à maintenir un environnement sûr pour les utilisateurs de son service», dans un courrier officiel adressé à la direction du réseau social. Celle-ci lui a indiqué en réponse qu'elle entendait par principe respecter la réglementation en vigueur. L'Arcom a précisé, relève Le Monde, qu'elle demanderait des précisions sur «la traduction concrète de ce discours au sein des équipes de Twitter».