Le Kremlin a exhorté le 22 novembre la Turquie à ne pas «déstabiliser la situation» dans le nord de la Syrie, où Ankara a mené plusieurs raids aériens contre des combattants kurdes et menace désormais de lancer une opération terrestre.
«Nous comprenons les préoccupations de la Turquie relatives à sa propre sécurité [...] Mais dans le même temps, nous appelons toutes les parties à se garder de toute initiative qui pourrait mener à une grave déstabilisation de la situation globale», a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
«Cela pourrait avoir un effet boomerang et compliquer encore plus la situation sécuritaire», a-t-il ajouté.
L'aviation turque a lancé le 20 novembre l'opération «Griffe Epée», une série de raids qui ont visé des positions du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et des YPG (Unités de protection du peuple) dans le nord de l'Irak et de la Syrie.
Et le président turc Recep Tayyip Erdogan a évoqué le 21 novembre l'éventualité de lancer une offensive terrestre dans le nord de la Syrie, suscitant l'inquiétude de plusieurs pays qui ont déployé des forces dans cette région.
Divergences entre Moscou et Ankara ?
La Turquie affirme avoir mené les frappes en Syrie en représailles à un attentat qui a frappé Istanbul le 13 novembre, que les autorités turques imputent au PKK et aux YPG. Ankara et ses alliés occidentaux considèrent le PKK, qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984, comme un groupe «terroriste».
Les YPG, une organisation affiliée au PKK en Syrie, sont également dans le collimateur de la Turquie qui a dénoncé à plusieurs reprises le soutien des Occidentaux qui s'appuient sur cette milice pour lutter contre Daesh.
Bien qu'Ankara et Moscou s'efforcent d'afficher leur entente dans plusieurs domaines, les deux pays ont des intérêts parfois divergents en Syrie et ces divergences ont affleuré ces derniers jours.
Dans une interview publiée le 21 novembre dans le presse turque, Recep Tayyip Erdogan a ainsi reproché à la Russie de ne pas avoir «nettoyé la région des terroristes», citant un accord conclu entre Moscou et Ankara en 2019. «Malheureusement, ils ne l'ont pas fait, ils n'y arrivent pas. Nous leur avons dit que s'ils n'y parvenaient pas, alors nous ne resterions pas silencieux, nous prendrions nos propres mesures», a déclaré M. Erdogan.
Interrogé au sujet de ces critiques, Dmitri Peskov a estimé que «les relations amicales avec la Turquie permettent de discuter de ces désaccords de manière ouverte et constructive».