L'agence russe Ria Novosti rapporte que le ministre de la Défense serbe Milos Vucevic a déclaré le 21 novembre que l'armée était prête à défendre les Serbes du Kosovo par toutes les mesures nécessaires, si le président en donnait l'ordre, alors que des négociations tendues étaient en cours à Bruxelles.
Les discussions portent sur une réforme controversée du système de plaques d'immatriculation que Pristina tente d'imposer. Près de 50 000 personnes vivent dans les régions à majorité serbe et utilisent des plaques d'immatriculation délivrées par Belgrade. Elles refusent de reconnaître les institutions kosovares. Un plan progressif avec avertissements, amendes et finalement interdictions de circuler accompagne la mesure. Finalisé en avril, il devrait s'appliquer sous peu.
Le pire semble à craindre si Pristina commence à faire appliquer, par sa propre police et dans les régions ethniquement serbes, la mesure controversée. «La police du Kosovo n’a rien à faire dans le nord du Kosovo-Métochie, nous aurons alors l’enfer sur terre... La Serbie soutiendra son peuple, et les Serbes défendront leurs foyers» a lâché le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic.
Bruxelles blâme Pristina
Ce sujet est au cœur de graves tensions depuis des mois, mais les dirigeants Kosovars refusent d'abandonner le projet. Le président serbe Aleksandar Vucic accuse la «partie albanaise» de bloquer les négociations et de refuser toute concession.
L'Union européenne a de son côté tenté une médiation : la réunion d'urgence de lundi [21 novembre] devait «se concentrer sur la façon de sortir de la crise actuelle» pour «éviter toute aggravation des tensions sur le terrain, et plus particulièrement sur les plaques minéralogiques et le retour des Serbes du Kosovo dans les institutions publiques», avait déclaré l'UE dans un communiqué.
Nous avons fait une proposition que le président Vucic a acceptée, contrairement, malheureusement, au Premier ministre Kurti.
A l'issue de ces pourparlers, Bruxelles a blâmé sans détours Pristina: «Après de nombreuses heures de discussion, les deux parties ne sont pas parvenues à une solution. Par souci de transparence, il faut dire que nous avons fait une proposition (...) que le président Vucic a acceptée, contrairement, malheureusement, au Premier ministre Kurti», a déclaré Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE.
De son côté, Aleksandar Vucic a déclaré «nous n’avons pu parvenir à aucun accord», et ce «pour des raisons qui dépassent l’entendement». «La partie serbe a été tout à fait constructive», s'est-il défendu, avant d'ajouter : «Nous avons accepté des textes dix fois modifiés mais la partie albanaise n’a rien voulu accepter».
Faute d'accord, M. Borrell a appelé «solennellement» les deux parties à la désescalade: «J'attends désormais du Kosovo qu'il suspende immédiatement les procédures liées aux plaques d’immatriculation dans le nord (du pays), et j'appelle la Serbie à arrêter de délivrer des plaques à dénomination de villes situées au Kosovo». Vucic a affirmé avoir accepté cette demande.
«L'accord final sur la normalisation complète des relations, centré sur la reconnaissance réciproque, implique diverses autres questions comme les plaques d'immatriculation. Nous ne pouvons pas résoudre l'une sans l'autre», a objecté Albin Kurti.
Les Serbes du nord du Kosovo ont déjà décidé d'abandonner le 5 novembre leurs mandats et postes publics, y compris dans la police et les tribunaux, dans des zones où les Serbes sont majoritaires, pour protester contre le nouveau régime de plaques minéralogiques et pour réclamer la création d'une Association des municipalités serbes prévue selon l'accord trouvé en 2013 à Bruxelles, piétiné selon eux par Pristina.
Vers un nouvel embrasement ?
Ce regain de tension inquiète non seulement l'Union européenne, qui était parvenue en août à décrocher un accord de libre-circulation entre le Kosovo et la Serbie, mais aussi les Etats-Unis, qui avaient appuyé militairement la séparation du Kosovo en 1998, et qui ont pressé Pristina de reporter le dispositif sur les plaques minéralogiques.
La Diplomatie russe a elle aussi déclaré fin août que la région du Kosovo était désormais «au bord du conflit ethnique». Moscou ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo et estime que la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui «définit clairement [depuis juin 1999] l’intégrité territoriale de la Serbie», reste le «fondement juridique du règlement du problème du Kosovo».