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Missile en Pologne : Zelensky «ne sait pas ce qu'il s'est passé», mais accuse toujours la Russie

Le président ukrainien a tenu des propos confus au sujet du projectile tombé sur un village polonais : «Il est impossible d'affirmer quelque chose de précis aujourd'hui», a-t-il déclaré... tout en affirmant qu'un «missile russe» était en cause.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est-il confus après des déclarations faites à la hâte ? Le dirigeant a déclaré le 17 novembre «ne pas savoir ce qu'il s'est passé» en Pologne où un missile est tombé deux jours plus tôt, après avoir pourtant soutenu que le territoire polonais avait été victime d'une frappe russe.

«Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Nous ne savons pas avec certitude. Le monde ne le sait pas. Mais je suis sûr que c'était un missile russe», a-t-il déclaré lors d'un forum économique, cité dans un communiqué de la présidence ukrainienne. «Je suis sûr que nous avons tiré depuis des systèmes de défense aérienne» a-t-il également affirmé, avant de compléter son propos en précisant qu’«il est impossible d'affirmer quelque chose de précis aujourd'hui», en réponse à une question sur l'incident.

«Ce n'est qu'après l'enquête qu'il sera possible de tirer des conclusions», a ajouté le chef d’Etat, indiquant que des experts ukrainiens allaient participer à l'enquête internationale chargée de faire la lumière sur cet événement.

La Russie a démenti à plusieurs reprises avoir tiré le missile qui a terminé sa trajectoire en Pologne le 15 novembre en tombant sur un village près de la frontière avec l'Ukraine, causant la mort de deux civils. Varsovie, de son côté, a jugé «hautement probable» qu'il s'agisse d'un projectile antiaérien ukrainien. De la même manière, une série de déclarations d’alliés de Kiev, du président américain Joe Biden au secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg en passant par la ministre de la Défense belge, ont abondé en faveur de la thèse d'un missile du système ukrainien de défense antiaérien.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a toutefois déclaré le 17 novembre que la Russie, quel que soit l'auteur de la frappe, était «entièrement responsable», après avoir estimé lors d’une réaction à chaud que la version de Moscou relevait d’une «théorie du complot».

Blinken juge la Russie «responsable ultime» de l'incident quoi qu'il en soit

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a fait une déclaration allant dans le même sens que Dmytro Kuleba, assurant le 17 novembre que la Russie était responsable, en dernière instance, de la chute meurtrière d'un missile en Pologne, alors qu'une enquête doit encore déterminer d'où celui-ci a été tiré. «Quelle que soit la conclusion de l'enquête, nous savons déjà la partie qui porte la responsabilité ultime pour cet incident tragique : la Russie», a-t-il déclaré depuis Bangkok, avant un sommet de dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec). «Ce que nous voyons chaque jour aujourd'hui, c'est que la Russie fait pleuvoir des missiles sur l'Ukraine, cherchant à détruire ses infrastructures critiques, ciblant la capacité qu'a l'Ukraine pour garder les lumières allumées, maintenir le chauffage et permettre au pays de vivre et d'aller de l'avant», a déclaré le chef de la diplomatie américaine. 

Tout en insistant sur le fait que «l'Ukraine a le droit de se défendre» et en renouvelant son soutien à Kiev, Antony Blinken a pourtant répété que les Etats-Unis n’avaient vu aucun élément qui «contredise» l'hypothèse avancée par Varsovie, selon laquelle ce missile provenait selon toute probabilité de la défense antiaérienne ukrainienne.

Moscou tient à ce que Varsovie publie toutes ses informations sur le sujet

La Russie a fait savoir qu’elle insistera auprès de Varsovie afin que celle-ci rende publiques les informations sur le pays qui a lancé le missile ayant atterri sur le territoire polonais, selon des propos tenus sur la chaîne Rossia 24 par Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux négociations à Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements. «Nous insisterons pour que la Pologne indique qui a lancé le missile ayant tué des citoyens polonais», a-t-il déclaré ce 17 novembre.

Pour rappel : après la chute d'un missile à Przewodów en Pologne le 15 novembre, le ministère russe de la Défense avait indiqué avoir mené «une frappe massive avec des armes de haute précision» contre une série de cibles en Ukraine, tout en soulignant que ces frappes avaient «été effectuées uniquement sur des cibles situées sur le territoire de l'Ukraine et à une distance d'au moins 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise». Et, d'après l'analyse des photographies des restes du missile publiées par la Pologne, les experts militaires russes ont conclu que ceux-ci appartenaient à un «missile guidé antiaérien du complexe de défense aérienne S-300 des forces armées ukrainiennes».