A l’origine de l’enquête sur les athlètes russes, on trouve le documentaire que la chaîne de télévision allemande ARD a diffusé les 3 et 7 décembre 2014. Selon les journalistes, environ 80% des médaillés russes aux Jeux Olympiques entre 2001 et 2012 auraient obtenu ces résultats en se dopant dopage, suspectant la Russie de dissimuler un véritable système généralisé de recours au dopage.
L’Agence mondiale antidopage (AMA) a rendu ses conclusions le 9 novembre dernier après une enquête qu’elle a qualifié d’extrêmement rigoureuse, lors d’une conférence de presse à Genève. L’AMA a accusé la Russie de plusieurs violations des règles contre le dopage et a conseillé à l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) d’interdire aux athlètes russes de participer aux compétitions organisées sous son égide, y compris les Jeux Olympiques 2016. De plus, l’AMA affirme que le laboratoire antidopage de Moscou a détruit plus de 1 400 échantillons à la veille de l’inspection de l’AMA.
Ces accusations n’ont pas été formulées uniquement par l’AMA et ses enquêteurs. Certains journaux ont également mené leur propre enquête. Ainsi, le tabloïd britannique Sunday Times a écrit que huit athlètes russes qui ont participé aux Jeux olympiques de Londres auraient versé des pots de vin aux responsables de l’IAAF pour éviter la disqualification et auraient ainsi acheté le droit de prendre part aux JO. Si l’on en croit le tabloïd, le montant total des pots de vin serait de 1,2 millions d’euros. L’ancien chef de l’IAAF, Lamine Diack, et l’ex-responsable de la lutte contre le dopage de l'IAAF, Gabriel Dollé, auraient perçu ces montants.
Après la publication des conclusions de son enquête, l’AMA a annoncé mardi la suspension de l'accréditation du laboratoire antidopage de Moscou pour six mois. Son directeur, Grigory Rodchenkov, a aussitôt démissionné «pour emporter tout le négatif avec lui», comme l’a dit le ministre russe des sports, Vitali Moutko. Il a préparé un rapport pour l’AMA sur ce que le laboratoire avait fait au cours de ces dernières années. De plus, le ministre russe et les responsables de l’AMA ont mené toutes les consultations nécessaires pour nommer un nouveau directeur qui satisfasse les exigences de toutes les parties impliquées dans cette affaire.
Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part réagi au rapport de l’AMA en ordonnant au ministre russe des sports de conduire sa propre enquête sur ce scandale de dopage. Vladimir Poutine a souligné que les personnes directement impliquées devront assumer leurs responsabilités. «Les sportifs qui sont loin du dopage et qui n’y ont jamais recouru ne doivent pas payer pour ceux qui violent les règles. C’est pourquoi, je demande d’agir et de travailler dans cette direction avec les collègues des organisations internationales», a-t-il noté.
«La Russie ne doit pas être bannie des JO»
Un des informateurs qui a accusé la Russie de dopage est un agent sportif Andreï Baranov. Il est surpris que la Russie soit le seul pays qui s’est retrouvé au cœur du scandale du dopage. «Je pense que d’autres pays sont aussi impliqués dans ce scandale. Je pense que ce n n’est pas fini, parce que le rapport de la commission sera rédigé en mi-décembre. L’enquête est toujours en cours. Je crois que ce rapport impliquera plus de pays que seulement la Russie», a-t-il confié à RT.
Andreï Baranov estime également que la Russie ne doit pas être privée des Jeux Olympiques. «La Russie ne doit pas être déqualifiée. La Russie ne doit pas arriver à ce point. Je suis d’accord avec le rapport de l’AMA. Ce rapport est détaillé. Je ne connais pas tous les faits qui ont été enquêtés. Mais il ne faut pas que la Russie ne participe aux Jeux Olympiques. De mon point de vue, ces gens doivent être exclus du sport. Ils doivent être punis sévèrement. Mais personne plus. Personne n’entend pas faire ce qu’ils ont fait. C’est une seule chose que j’attends», a conclu-t-il.