La défense russe a rendu public ce 9 novembre son projet de retrait localisé de forces russes situées dans la région de Kherson et ses environs.
Dans une vidéo publiée par les autorités russes, le général en charge des troupes dans les zones de «l'opération spéciale» en Ukraine, Sergueï Sourovikine, déclare à l'adresse du ministre de la Défense Sergueï Choïgou : «Monsieur le ministre de la Défense, après avoir évalué de manière approfondie la situation actuelle, il est proposé de prendre une position défensive le long de la rive gauche du Dniepr.» Affirmant comprendre qu'il s'agit d'une «décision très difficile», le haut responsable militaire ajoute : «Ainsi nous sauverons surtout la vie de nos militaires et assurerons la capacité opérationnelle générale du groupement des forces qu’il est vain de garder sur la rive droite dans une zone limitée.» Selon Sergueï Sourovikine, les forces ainsi dégagées seraient employées pour «d’autres opérations, y compris offensives, dans d'autres secteurs de la zone de l’opération» en Ukraine.
Partant, Sergueï Choïgou a ordonné de procéder «au retrait des troupes» en question (sur la rive droite, c'est-à-dire occidentale, du Dniepr dans la région de Kherson), et à prendre «toutes les mesures nécessaires pour garantir le déplacement en toute sécurité des effectifs, des armes et de l'équipement sur l'autre rive» du fleuve.
La présidence ukrainienne a de son côté indiqué, dans la soirée, ne voir à ce stade «aucun signe» de retrait des forces russes dans la ville de Kherson (capitale de la région du même nom).
Une région que l'Ukraine considère comme sienne
La région de Kherson fait partie des régions (avec celle de Zaporojié et les deux républiques du Donbass) rattachées à la Fédération de Russie à l'issue de référendums locaux organisés fin septembre. Kiev, qui considère ces régions toujours ukrainiennes, ainsi que ses alliés occidentaux, ont quant à eux dénoncé des annexions par la Russie, et ont réfuté toute légalité et légitimité aux référendums en question.
Ces événements surviennent dans le contexte d'«opération militaire spéciale» lancée par la Russie fin février dernier. Moscou a notamment fait valoir la nécessité de protéger les populations du Donbass, dont les autorités locales sont en conflit avec le pouvoir central ukrainien depuis 2014. Kiev et les Occidentaux, notamment, considèrent que cette opération militaire russe est une guerre d'invasion qui ne répond à aucune provocation ukrainienne.
Face à la contre-offensive menée par l'armée ukrainienne depuis la fin de l'été, le président russe Vladimir Poutine a annoncé fin septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes. Cette contre-offensive a notamment pour théâtre la région de Kherson.