Le «Davos du désert» semble avoir le vent en poupe. Six mille participants sont attendus à Riyad du 25 au 27 octobre pour la Future Investment Initiative (FII), organisée sous le thème «Investir dans l'humanité : permettre un nouvel ordre mondial».
Lancée en 2017 par le prince héritier Mohammed ben Salmane, cette plateforme se veut le pendant moyen-oriental du célèbre forum économique organisé en Suisse. Par rapport aux précédentes, cette sixième édition de la FII comptera notamment 200 intervenants supplémentaires, pour un total de 500.
Aux yeux de son président, Richard Attias, lui-même ancien organisateur du forum de Davos, cela montre que l'Arabie saoudite est «en train de devenir un centre mondial». Lors d’une conférence de presse à Riyad, le célèbre publicitaire a précisé qu’une «énorme délégation chinoise» comprenant plus de 80 PDG était attendue. De nombreux chefs d'entreprise de pays d'Amérique du Sud figurent également parmi les participants.
On semble loin de «l’Etat paria» promis par Joe Biden suite au meurtre de Jamal Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul en octobre 2018. Dans l’ensemble, le boycott du forum par les Occidentaux n’aura duré qu’un an. Malgré ses critiques, le président américain a d’ailleurs lui-même fini par se rendre à Riyad cet été.
Sur fond de crise énergétique, Mohammed ben Salmane a également vu défiler à sa porte, au cours de cette année, l'ex-Premier ministre britannique Boris Johnson ou encore le chancelier allemand Olaf Scholz. Le président français Emmanuel Macron a pour sa part reçu le dirigeant saoudien en juillet dernier.
L’Arabie Saoudite critiquée… mais surtout courtisée
Autant de visites et d'invitations de chefs d’Etat et de gouvernement qui, aux yeux de grands patrons, font office de blanc-seing pour faire affaire avec le royaume wahhabite. Ainsi, si cette année aucun responsable politique américain n'a été invité, du fait des relations tendues entre Washington et Riyad, au moins 400 PDG américains sont attendus au forum.
«Nous n'ignorons pas les problèmes qui se posent dans le monde. Mais ce n'est pas en boycottant une plateforme quelle qu'elle soit que vous résoudrez un problème», fait quant à lui valoir Richard Attias. «Nous n'invitons pas trop de politiciens» car leur présence détourne l'attention des médias et «nous ne voulons pas que le FII devienne une plateforme politique», avait-il confié à l'AFP plus tôt cette semaine.
Depuis le début du mois d'octobre, le ton est monté entre les Etats-Unis et son allié historique dans le Golfe. Face à des marchés pétroliers baissiers, les 23 pays de l’OPEP+ avaient en effet acté une diminution de leur production d’or noir. Une décision «purement économique», selon Riyad, rejetant l'accusation d'un alignement sur Moscou de la Maison Blanche. Cette dernière avait, dans une volonté d’affaiblir l’économie russe ainsi que d’alléger la facture énergétique des Américains à la veille d’élections législatives, demandé à l’Arabie saoudite de pousser le cartel pétrolier à rehausser sa production.
Maxime Perrotin