A l’occasion du sommet de la CICA (Conférence pour l'interaction et les mesures de confiance en Asie) à Astana au Kazakhstan, le président russe Vladimir Poutine a jugé le 14 octobre que son homologue français Emmanuel Macron ne comprenait pas tous les enjeux du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, en réponse à des déclarations de ce dernier qui a accusé Moscou de chercher à déstabiliser le Caucase.
Lors de son interview sur France 2 le 12 octobre, Emmanuel Macron avait en effet affirmé que «la Russie s'est immiscée dans ce conflit» et qu’elle a «manifestement joué le jeu de l'Azerbaïdjan avec une complicité turque [et qu’elle] est revenue là pour affaiblir l'Arménie». Le président français y a vu «une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser».
«Nous saluons les efforts de médiation de quiconque si seulement ils peuvent contribuer à calmer la situation», a expliqué le dirigeant russe, estimant que les propos du président français ne poursuivaient manifestement pas cet objectif. Vladimir Poutine a indiqué avoir été «surpris» par la teneur des déclarations d'Emmanuel Macron, qui reflètent selon lui un manque de «compréhension du cours même du conflit», ainsi qu'«une absence d'informations sur la position des différentes parties». Les propos du président français sur le sujet sont donc «incorrects» aux yeux de Vladimir Poutine, qui n'a cependant pas exclu d'en rediscuter avec lui.
Bakou fustige des déclarations «inacceptables» et «partiales» d'Emmanuel Macron
«En tout état de cause, la Russie a toujours cherché sincèrement à résoudre les conflits, y compris les problèmes liés au Karabagh», a fait valoir Vladimir Poutine, qui a invité le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à se rencontrer en Russie. Parallèlement, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a rencontré ses homologues arménien et azerbaïdjanais, Ararat Mirzoian et Djeïhoun Baïramov, en vue d'avancer sur la voie des négociations. La diplomatie russe a indiqué que le trio avait évoqué «des efforts communs» pour normaliser les relations entre Erevan et Bakou.
La diplomatie azerbaïdjanaise a pour sa part fustigé des déclarations «inacceptables» et «partiales» d'Emmanuel Macron. Lors de son interview sur France 2, ce dernier avait assuré que la France ne «lâcherait jamais» les Arméniens et affirmé que l'Azerbaïdjan avait lancé en 2020 «une guerre terrible» pour reprendre le Haut-Karabagh, ainsi que des «offensives» en septembre 2022, à la frontière officielle entre les deux pays. Il faisait ainsi référence aux accrochages frontaliers qui ont récemment opposé les forces arméniennes et azerbaïdjanaises, au cours desquels près de 300 personnes ont été tuées.
Le 13 octobre, la diplomatie russe avait déjà vertement critiqué les propos d'Emmanuel Macron, qualifiés d'«élucubrations absurdes», et mis en avant les actions concrètes de Moscou en vue d'apaiser le conflit entre Bakou et Erevan.
L'Arménie, alliée de la Russie, et l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle de l’enclave du Haut-Karabagh. La dernière guerre, à l'automne 2020, a entraîné la mort de près de 6 500 personnes et s'est achevée sur un cessez-le-feu sous médiation de Moscou, qui a déployé sur place un contingent de soldats de maintien de la paix.