Nouvel essai de missile balistique, passages d'avions de chasse, tirs d'artillerie en mer : Pyongyang s'est livré les 13 et 14 octobre à des démonstrations de force militaire près de la frontière avec la Corée du Sud, affirmant répondre à des «provocations» de la part de Séoul.
Selon l'agence nord-coréenne KCNA, un missile balistique a été tiré en direction de la mer dans la nuit du 13 au 14 octobre. D'après l'état-major interarmées sud-coréen, la fusée aurait été lancée depuis la zone de Sunan à Pyongyang aux premières heures du 14 octobre.
Les autorités nord-coréennes ont indiqué que le tir constituait une réponse à un exercice d'artillerie effectué par la Corée du Sud. Un porte-parole de l'armée du pays cité dans un communiqué a ainsi accusé les forces de Séoul d'avoir effectué le 13 octobre «des tirs d'artillerie pendant environ dix heures» près de la frontière entre les deux pays. En réponse, l'armée nord-coréenne «a pris de fortes contre-mesures militaires» face à une action qualifiée de « provocatrice», selon le communiqué diffusé par KCNA. La Corée du Nord estime ainsi avoir lancé «un avertissement sévère aux militaires sud-coréens qui attisent la tension militaire dans la zone de la ligne de front par leurs actions irréfléchies», a poursuivi le communiqué.
Les deux pays multiplient les déploiements d'avions de combat
Peu avant le tir de ce missile, dix avions de combat nord-coréens auraient de plus survolé une zone située à 25 km de la frontière avec la Corée du Sud, qui a fait décoller à son tour des avions de chasse, y compris des F-35A, selon l'état-major sud-coréen cité par l'agence de presse Yonhap. Les avions nord-coréens auraient franchi une «ligne de reconnaissance» déclenchant cette réponse automatique de la part du Sud, selon la même source. Il s'agit du deuxième déploiement important d'avions de combat en une semaine.
Toujours selon l'état-major sud-coréen, la Corée du Nord a ensuite procédé à 170 tirs d'artillerie dans ses eaux sur ses côtes est et ouest, en violation d'une «zone tampon» établie lors d'un accord en 2018 avec le Sud pour prévenir les incidents en mer.
Nouvelles condamnations et sanctions de Washington et Séoul
Les Etats-Unis ont condamné le dernier tir de missile balistique au même titre que les précédents. «Ce lancement, ainsi que les autres au cours du mois écoulé, violent de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies» et «menacent la paix et la stabilité de la région», a déclaré un porte-parole du département d'Etat. Il a déploré, de plus, que la Corée du Nord «refuse de répondre» aux offres de dialogue américaines. En début de semaine, Kim Jong Un avait rejeté l'idée d'une reprise des négociations sur ses programmes d'armement, déclarant que la Corée du Nord «n'en ressentait pas la nécessité».
Le Conseil national de sécurité sud-coréen a condamné pour sa part les «actions hostiles» énumérées par l’état-major, avertissant que «de telles provocations auront des conséquences». Séoul a également adopté le 14 octobre ses premières sanctions unilatérales en cinq ans, visant des personnes et des institutions nord-coréennes.
Les tensions ne cessent de s'attiser dans la péninsule coréenne depuis le début de l'année. En réponse aux essais d'armes de Pyongyang, la Corée du Sud et les Etats-Unis ont intensifié leurs exercices militaires conjoints. Mais la Corée du Nord voit dans ces manœuvres une répétition à une invasion de son territoire, et a répliqué par de nouvelles séries de tests de missiles. Le pays a réalisé une série record d'essais d'armements en 2022, et récemment organisé des exercices militaires du 25 septembre au 9 octobre afin de vérifier et d'«évaluer la capacité de dissuasion et de contre-attaque nucléaire du pays», selon l'agence KCNA. Le 12 octobre, deux missiles de croisière stratégiques de longue portée avaient été tirés par la Corée du Nord. Kim Jong Un, qui a assisté à ces tirs, a exprimé sa «grande satisfaction» quant à l'état de préparation des forces nucléaires de combat du pays, selon KCNA.
En septembre, Pyongyang a par ailleurs déclaré que son statut de puissance nucléaire était «irréversible», fermant définitivement la porte à toute négociation de désarmement, et a fait savoir qu'elle s'autorisait des frappes préventives en cas de menace. Séoul comme Washington mettent en garde depuis des mois contre le risque que Pyongyang procède à un essai nucléaire, qui serait le septième de son histoire et le premier depuis 2017.