La Corée du Nord a lancé le 6 octobre deux nouveaux missiles balistiques et a qualifié ces essais d'armes de «justes mesures de rétorsion» contre Washington et Séoul et leurs exercices militaires dans la région.
Selon l'armée sud-coréenne, deux missiles à courte portée ont été lancés au cours de la matinée depuis les environs de Pyongyang en direction de la mer du Japon. Les garde-côtes japonais ont confirmé avoir détecté ces projectiles. Ce sixième lancement en moins de deux semaines, est «absolument inacceptable», a aussitôt réagi le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Le premier missile a parcouru 350 kilomètres à une altitude maximale d'environ 80 kilomètres, selon l'analyse de l'armée sud-coréenne. Le deuxième a volé sur une distance de 800 kilomètres à une altitude de 60 kilomètres.
Pyongyang justifie des «justes mesures de rétorsion» face aux manœuvres militaires de Seoul et Washington
Ces tirs constituent «les justes mesures de rétorsion de l'Armée populaire coréenne contre les manœuvres militaires conjointes entre la Corée du Sud et les Etats-Unis qui provoquent une escalade des tensions militaires dans la Péninsule coréenne», a déclaré le ministère nord-coréen dans un communiqué.
Séoul, Tokyo et Washington ont multiplié les manœuvres militaires conjointes ces dernières semaines, notamment des exercices de lutte anti sous-marine et des manœuvres navales à grande échelle.
Selon l'AFP, les nouveaux tirs nord-coréens sont survenus au moment où, à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait pour évoquer le lancement d'un autre missile nord-coréen qui avait survolé le Japon deux jours plus tôt.
Le 4 octobre, un missile de type Hwasong-12 avait survolé le Japon et parcouru environ 4600 km, soit probablement la distance la plus longue jamais atteinte par Pyongyang dans le cadre de ses essais, selon Séoul et Washington. A la suite de ce lancement, Washington avait appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Toutefois, la Chine, alliée et partenaire économique de la Corée du Nord, y a blâmé elle aussi les Etats-Unis.
C'était la première fois en cinq ans qu'un projectile nord-coréen passait au-dessus du territoire japonais. La Corée du Nord, qui a adopté en septembre une nouvelle doctrine rendant «irréversible» son statut de puissance nucléaire, a intensifié cette année ses tirs et a lancé un missile balistique intercontinental (ICBM) pour la première fois depuis 2017.
La Chine accuse Washington d'«empoisonner l'environnement de sécurité régional».
Les essais de missiles par Pyongyang sont «étroitement liés» aux exercices militaires américano-sud-coréens, a déclaré devant le Conseil l'ambassadeur chinois adjoint auprès des Nations unies, Geng Shuang. Il a accusé Washington d'«empoisonner l'environnement de sécurité régional».
Le 5 octobre, la Corée du Sud et les Etats-Unis avaient tiré cinq missiles balistiques – dont un s'est écrasé après son lancement – vers des cibles fictives en mer du Japon. Et la veille, les aviations des deux pays avaient mené des exercices de tir en Mer Jaune.
Séoul a également annoncé le retour dans la région du porte-avions à propulsion nucléaire américain USS Ronald Reagan qui a effectué en septembre des exercices avec la marine sud-coréenne.
La réunion du Conseil de sécurité a été soutenue par la France, le Royaume-Uni, l'Albanie, la Norvège et l'Irlande. L'ambassadrice américaine auprès de l'ONU Linda Thomas-Greenfield y a dénoncé «un effort clair de la Chine et la Russie pour récompenser [la Corée du Nord] pour ses mauvaises actions», et a appelé à un renforcement des sanctions contre Pyongyang.
En mai, Pékin et Moscou avaient opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité imposant de nouvelles sanctions à la Corée du Nord, alors que l'instance avait adopté à l'unanimité de lourdes sanctions en 2017.