Le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé le 3 octobre les Etats-Unis, Israël et leurs «agents» d'avoir fomenté le mouvement de contestation antigouvernemental déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini à Téhéran.
La mort de la jeune fille nous a brisé le cœur, mais ce qui n'est pas normal c'est que certaines personnes, sans preuve ni enquête, rendent les rues dangereuses, brûlent le Coran, retirent le hijab des femmes voilées, mettent le feu aux mosquées et aux voitures
«Je dis clairement que ces émeutes et l'insécurité sont l'œuvre de l'Amérique, du régime sioniste |Israël] usurpateur et leurs agents salariés, avec l'aide de certains Iraniens traîtres à l'étranger», a-t-il dit dans sa première réaction à la mort de la jeune femme, arrêtée le 13 septembre par la police des mœurs.
«La mort de la jeune fille nous a brisé le cœur, mais ce qui n'est pas normal c'est que certaines personnes, sans preuve ni enquête, rendent les rues dangereuses, brûlent le Coran, retirent le hijab des femmes voilées, mettent le feu aux mosquées et aux voitures», a-t-il déclaré. Prenant la parole à l'occasion d'une cérémonie de remise de diplômes à des officiers issus de l'académie militaire à Téhéran, il a affirmé : «la police est obligée de tenir tête aux criminels et d'assurer la sécurité de la société».
«Donc affaiblir la police signifie renforcer les criminels, et celui qui attaque la police laisse le peuple sans défense contre les criminels, les voyous, les voleurs», a-t-il ajouté. Il a appelé les autorités judiciaires à juger «les émeutiers proportionnellement au niveau de leur participation aux destructions et aux atteintes à la sécurité».
Concernant la prise de position de certaines personnalités sportives et artistiques en faveur des manifestants, il a estimé que «c'est à la justice de se prononcer s'il s'agit d'un acte criminel», mais à ses yeux leurs déclarations n'ont «aucune importance».
«Ils sont heureux de trouver cette excuse pour provoquer des incidents»
De nombreux sportifs iraniens ainsi que des acteurs et cinéastes ont apporté leur soutien au mouvement de contestation, demandant aux autorités d'écouter les revendications du peuple. Le réalisateur Asghar Farhadi, deux fois oscarisé, a ainsi exhorté les gens du monde entier à «être solidaires» avec les manifestants.
Lors d'un match amical de football contre le Sénégal à Vienne, toute l'équipe iranienne est restée vêtue de noir pendant les hymnes plutôt que d'exposer le maillot national. L'ayatollah Khamenei s'en est d'autre part pris vivement à la presse dans le monde.
«Il y a beaucoup d'émeutes dans le monde et en Europe, surtout en France, à Paris. Mais les médias de masse affiliés au capitalisme américain et à leurs mercenaires, comme certains gouvernements de la région, notamment les Saoudiens, ont-ils soutenu les émeutiers dans ces pays ?», s'est-il demandé. Le guide a qualifié de «mensonge l'expression de regret des Américains pour la mort d'une fille car, contrairement aux apparences, ils sont heureux de trouver cette excuse pour provoquer des incidents».