International

Burkina Faso : la France condamne les «violences» contre son ambassade à Ouagadougou

Des scènes de saccage ont eu lieu le 1er octobre devant l'ambassade de France à Ouagadougou. Le lendemain du gaz lacrymogène a été tiré de l'intérieur de l'enceinte face à de nouveaux rassemblements hostiles à Paris, mis en cause par les putschistes.

La porte-parole du Quai d'Orsay Anne-Claire Legendre a condamné le 1er octobre «les violences» contre l'ambassade de France à Ouagadougou «avec la plus grande fermeté», selon des propos confiés à l'AFP dans la soirée de ce même jour. «Une cellule de crise est ouverte à Ouagadougou et nos équipes sont mobilisées [...] pour la sécurité de nos compatriotes, qui est notre priorité», a-t-elle ajouté.

La chaîne américaine ABC News et l'agence AP ont rapporté que «des manifestants en colère ont attaqué [le 1er octobre] l'ambassade de France dans la capitale du Burkina Faso».

En début de soirée, un correspondant de l'agence Reuters, notamment, a fait était d'un «feu» à l'ambassade de France, dans un contexte de manifestation anti-française.

Un journaliste de France 24 a évoqué, dans la soirée également, un «saccage aux portes de l’ambassade de France à Ouagadougou» et une «tentative d’y introduire des objets incendiés».

Selon un journaliste écrivant pour le média suisse Heidi.news, des manifestants ont «tent[é] de briser les vitres blindées et de forcer les portes» de l'ambassade. La même source évoque également un «caillassage» de l’Institut français dans la ville de Bobo Dioulass.

L'agence Reuters a confirmé que des manifestants contre la France avaient jeté des pierres contre l’Institut français de Bobo Dioulass, et l'AFP a évoqué des témoignages sur un incendie devant cet établissement.

L'ancien ambassadeur de France au Mali Nicolas Normand a lui aussi diffusé sur Twitter des images présentées comme celles de vives tensions et de feux aux abords de l'ambassade.

Ces événements surviennent au lendemain d'un coup de force au cours duquel des militaires ont démis de ses fonctions le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la Transition burkinabaise, lui-même arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier.  Paul-Henri Sandaogo Damiba est désormais remplacé par un capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré.

Invoquant «la dégradation continue de la situation sécuritaire» dans le pays, les militaires à l'origine du nouveau coup de force ont annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition.

Le lendemain, des grenades de gaz lacrymogène ont été tirées de l'intérieur de l'ambassade de France à Ouagadougou pour disperser des manifestants soutenant le putschiste autoproclamé Ibrahim Traoré, selon l'AFP. Quelques dizaines de manifestants s'étaient de nouveau rassemblés devant l'ambassade, mettant le feu à des barrières de protection et jetant des pierres à l'intérieur du bâtiment, sur le toit duquel étaient positionnés des soldats français.

D'autres manifestants ont également été vus par le journaliste de l'AFP arracher des barbelés pour tenter d'escalader le mur d'enceinte du bâtiment diplomatique.

Paris dément tout lien avec les événements au Burkina 

Lors d'une intervention télévisée diffusée le 1er octobre, les militaires à l'origine de ce coup ont évoqué l'hypothèse que «Paul-Henri Sandaogo Damiba se serait réfugié au sein de l'ambassade française» en vue de planifier une contre-offensive. «Cela fait suite à notre ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme. Nous invitons les vaillantes populations dignes et intègres à ne pas tomber dans le piège et à faire confiance en notre combat qui n'est autre que la restauration de l'intégrité territoriale. La patrie ou la mort, nous vaincrons», a déclaré un porte-parole des militaires en question.

Sur les réseaux sociaux, l'ambassade de France à Ouagadougou a démenti «avec fermeté» toute implication de l'armée dans les événements des dernières heures ainsi que «les rumeurs selon lesquelles des autorités auraient été accueillies ou seraient sous protection de militaires».

De plus, le ministère français des Affaires étrangères a «dément[i] formellement toute implication dans les évènements en cours depuis hier au Burkina». «Le camp où se trouvent nos forces françaises n'a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade», a-t-il assuré.