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«Ligne rouge» : la Hongrie rejette toute sanction de l'UE qui viserait le nucléaire russe

Budapest a exprimé sa ferme opposition à toute mesure qui toucherait à la coopération nucléaire avec Moscou, y voyant une attaque contre sa souveraineté énergétique et ses projets de nouveaux réacteurs avec l'entreprise russe Rosatom.

La Hongrie s'est vigoureusement opposée le 26 septembre à toute sanction de l'Union européenne qui toucherait à la coopération nucléaire avec Moscou, après des consultations menées durant le week-end à Bruxelles au sujet de nouvelles mesures de rétorsion visant la Russie.

«Malheureusement, certaines entités au sein de l'UE [...] ne cessent d'essayer de mettre des obstacles aux investissements nucléaires», a regretté le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto, à la tribune de la Conférence générale annuelle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne.

Pour lui, les projets de nouvelles sanctions représentant autant «d'attaques contre la souveraineté» de la Hongrie, qui bénéficie de dérogations à l'embargo européen sur le pétrole et ne souhaite pas entendre parler d'autres sanctions énergétiques à l’encontre de Moscou, y compris des sanctions indirectes dans les secteurs de la construction, de l’ingénierie ou encore des services informatiques. Il s’agit d’une véritable «ligne rouge», a-t-il insisté, ajoutant que de telles mesures violeraient les règles européennes».

Dépendante de l'énergie russe, la Hongrie doit démarrer sous peu le chantier de deux nouveaux réacteurs nucléaires, validée fin août par son  autorité de régulation, en collaboration avec le conglomérat russe Rosatom. Le projet vise à compléter les quatre tranches actuelles, alimentées avec du combustible provenant de Russie et qui assurent près de la moitié de la production d'électricité du pays.

La rupture de la coopération nucléaire avec la Russie est réclamée par les pays partisans de sanctions dures – Etats baltes, Pologne et Irlande en tête – mais elle ne fait pas consensus au sein des Vingt-Sept, selon une source diplomatique européenne contactée par l’AFP. La Bulgarie, déjà privée de gaz russe – Sofia avait refusé de payer les livraisons en rouble – a également fait part de ses inquiétudes, alors que son unique centrale nucléaire produit environ le tiers de l'électricité du pays.

Un nain impose des sanctions à un géant

Plus largement, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, soucieux de maintenir des liens avec la Russie, a une nouvelle fois fustigé le 26 septembre la stratégie de l'UE, dans un contexte d'inflation galopante. Selon lui, «l'Europe s'est tirée une balle dans le pied» en surestimant ses capacités d’action. «Un nain impose des sanctions à un géant, alors que les sanctions ne peuvent fonctionner que si c'est l'inverse», a-t-il lancé à Budapest, au cours d’un discours tenu devant le Parlement, reprenant des critiques déjà formulées à plusieurs reprises contre la politique de l'UE. 

Récemment qualifiée de «régime hybride d'autocratie électorale» par le Parlement européen, la Hongrie est aussi menacée de se voir privée d'une partie significative des fonds européens, conditionnés par Bruxelles à la mise en œuvre de réformes anti-corruption.

A rebours de ses partenaires de l'Union européenne, qui ont réduit leur dépendance à l’égard du gaz russe, la Hongrie a en outre signé un accord avec Gazprom le 31 août, en vue d'une livraison supplémentaire pour les mois de septembre et d’octobre.