Lors d’un discours prononcé le 22 septembre à la tribune de l'ONU, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé l'Azerbaïdjan d'avoir commis des «atrocités innommables», près d'une semaine après les violents combats qui ont opposé les troupes des deux pays rivaux.
«Il y a des preuves de cas de torture, de mutilations de soldats capturés ou déjà morts, d'assassinats extrajudiciaires et de mauvais traitements de prisonniers de guerre, ainsi que de traitements dégradants de corps», a-t-il affirmé devant l'Assemblée générale des Nations unies. Parmi ces cas, il a notamment cité «le corps d'une militaire féminine [qui] avait été mutilé et pris en vidéo par des soldats azerbaïdjanais». Présent dans la salle, le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov, qui prendra la parole devant l'Assemblée le week-end des 24 et 25 septembre, est resté impassible face à ces accusations.
Le dirigeant arménien a également accusé Bakou d'avoir bombardé des infrastructures civiles, forçant le déplacement de plus de 7 600 personnes, en violation de «la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Arménie».
Le 22 septembre également, l'ambassadrice d'Arménie en France a déploré que toute l'attention de la communauté internationale soit «tournée vers l'Ukraine» et a dénoncé une «agression azerbaïdjanaise» menaçant selon elle l'existence même de son pays. «L'Arménie vit un moment crucial, sa survie est en jeu», a ainsi lancé Hasmik Tolmadjian lors d'une conférence de presse à Paris.
Le 20 septembre, le président russe Vladimir Poutine a appelé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à faire preuve de «retenue» et à respecter le cessez-le-feu négocié sous l'égide de Moscou. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a quant à lui affirmé soutenir «tous les efforts visant à trouver une solution pacifique aux tensions entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie», rapporte l'agence turque Anadolu.
Plus de 200 militaires arméniens et près de 80 soldats azerbaïdjanais sont morts dans les affrontements qui ont éclaté le 13 septembre à la frontière entre les deux pays. Les relations entre Erevan et Bakou continuent d'être empoisonnées par leur différend au sujet du Haut-Karabagh, un territoire majoritairement peuplé d'Arméniens ayant déclaré son indépendance de l'Azerbaïdjan en 1991 avec le soutien d'Erevan, mais qui n'est à ce jour reconnu par aucun Etat membre de l’ONU. Après une première guerre qui avait fait plus de 30 000 morts au début des années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés à nouveau à l'automne 2020 pour le contrôle de cette région montagneuse. Plus de 6 500 personnes ont été tuées dans ces affrontements.