Aux cris de «Barkhane dehors», «A bas la France», «Vive Poutine et la Russie», des manifestants ont sillonné ce 18 septembre les rues de Niamey au Niger, avant de tenir un meeting devant le siège de l'Assemblée nationale.
Certains manifestants arboraient des drapeaux de la Russie et brandissaient des pancartes hostiles à la France et à Barkhane. «Dégage l'armée française criminelle» ou «l'armée coloniale Barkhane doit partir», pouvait-on ainsi lire sur certaines pancartes dans cette manifestation autorisée par les autorités municipales de Niamey, contrairement à celle du 17 août.
Quelque 3 000 militaires français sont toujours déployés dans le Sahel – et notamment au Niger, un des principaux alliés de Paris – après leur retrait total du Mali, la force Barkhane ayant été chassée du pays en 2020 par les militaires au pouvoir à Bamako.
En avril, les députés nigériens avaient largement voté en faveur d'un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur le territoire, notamment françaises, pour combattre les djihadistes. «Il y a des slogans anti-français parce que nous exigeons le départ immédiat de la force Barkhane au Niger qui aliène notre souveraineté et qui est en train de déstabiliser le Sahel», a affirmé à l'AFP Seydou Abdoulaye, le coordonnateur du Mouvement M62 qui organise la manifestation.
Vêtu d'un tee-shirt à l'effigie de l'ex-président révolutionnaire du Burkina Faso Thomas Sankara, il a accusé l'ancienne puissance coloniale, d'un «soutien actif» aux «djihadistes qui ont répandu le terrorisme partir du Mali», voisin du Niger et du Burkina Faso.
Un contexte sécuritaire explosif
Le mois dernier, le gouvernement malien avait accusé la France de soutenir des groupes djihadistes, des déclarations «insultantes» pour Paris.
Ces derniers mois, plusieurs manifestations anti-françaises ont eu lieu au Sahel, notamment fin novembre 2021 lorsqu'un convoi militaire de Barkhane avait été bloqué et caillassé au Burkina Faso puis au Niger. Trois manifestants avaient été tués à Téra, dans l'ouest du Niger, dans des tirs imputés par le gouvernement nigérien à ses forces ou aux forces françaises.
La manifestation de ce 18 septembre visait également à protester contre le coût de la vie au Niger où une récente hausse du gasoil a vite eu des répercussions sur les prix de certaines denrées. Selon des responsables du M62, une autre manifestation a eu lieu à Dosso, une ville du sud-ouest nigérien.
Le Niger doit faire face aux attaques régulières et meurtrières de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à la branche de Daesh dans l'ouest et, dans le sud-est, à celles de Boko Haram et de la branche de Daesh en Afrique de l'Ouest (Iswap).
Le pays abrite depuis des années plusieurs bases militaires étrangères, française et américaine notamment, dédiées à la lutte contre les djihadistes au Sahel.