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Des migrants envoyés par des républicains sur une île huppée pour dénoncer la politique de Biden

Le gouverneur de Floride a organisé le transport en avion de dizaines de migrants vers l'enclave insulaire huppée de Martha's Vineyard, dans le Massachusetts. L'action vise à placer l'immigration au centre de la campagne des élections de mi-mandat.

Selon une information de la chaîne américaine CBS News, deux avions ont été affrétés le 14 septembre par le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, afin d'envoyer des migrants vers le Massachusetts, plus précisément, sur l'île de Martha's Vineyard. Le lieu est connu pour abriter les résidences d'été de la jet set et des présidents américains.

Les leaders démocrates doivent descendre de leur tour d'ivoire et affronter la réalité

L'opération s'inscrit dans un effort visant à «transporter des migrants illégaux vers des destinations sanctuaires», a justifié la chargée de communication du gouverneur de Floride, citée par CBS News.

Comme le rapporte l'AFP, des responsables républicains, au premier rang desquels le puissant gouverneur du Texas Greg Abbott, font ainsi transporter depuis plusieurs mois des migrants dans des autobus vers les bastions démocrates du pays.

Le 14 septembre, Greg Abbott a d'ailleurs fait envoyer deux bus de migrants près de la résidence de la vice-présidente démocrate Kamala Harris à Washington, selon la chaîne Fox News. Transporter ces migrants à Martha's Vineyard et à Washington «était une nécessité», a pour sa part commenté Andy Biggs, élu républicain d'Arizona à la Chambre des représentants, ajoutant : «Les leaders démocrates doivent descendre de leur tour d'ivoire et affronter la réalité.»

Une façon de dénoncer la politique du président Joe Biden, qu'ils accusent d'avoir transformé la frontière avec le Mexique en passoire, et de tenter de placer l'immigration au centre de la campagne des élections de mi-mandat, en novembre.

Le torchon brûle entre élus démocrates et républicains

De son côté, le représentant d'Etat de Martha's Vineyard, le démocrate Dylan Fernandes, a confirmé le 14 septembre la prise en charge sur son territoire de plusieurs dizaines de migrants. «Notre île est passée à l'action en rassemblant 50 lits, en offrant à chacun un bon repas, en fournissant une aire de jeux pour les enfants, en veillant à ce que les gens aient les soins de santé et le soutien dont ils ont besoin. Nous sommes une communauté unie pour soutenir les migrants», a-t-il en effet écrit le 15 septembre sur Twitter.

Le responsable politique a par la suite multiplié les publications à ce sujet, accusant notamment Ron DeSantis d'avoir ourdi «un complot secret pour rassembler et expédier des gens – des enfants, des familles – en leur mentant sur l'endroit où ils vont dans une démarche politique». «Quelle put*** de perversion», a-t-il commenté avant de mettre en ligne, quelques minutes plus tard, une cagnotte visant à «maintenir et à élargir le filet de sécurité» des familles en question.

Biden dénonce «des manœuvres politiques honteuses et irresponsables»

Principalement visé par ces actions mises en place par des élus républicains, l'exécutif américain a qualifié le 15 septembre de «honteuse et irresponsable» le fait d'envoyer par autocar et avion des migrants jusqu'à Washington ainsi que vers l'île huppée du nord-est des Etats-Unis.

Ces pratiques d'envoi de migrants du sud vers le nord du pays ont tourné à la bataille politique, à quelques semaines de ces législatives aux lourds enjeux.

«Les républicains font des manœuvres politiques au moyen d'êtres humains, se servant d'eux comme de pions», a fustigé Joseph Biden en marge d'un gala du Congressional Hispanic Caucus Institute. «C'est mal ce qu'ils font. C'est anti-américain. C'est irresponsable», a poursuivi le président américain. 

«La vice-présidente Harris clame que notre frontière est "sûre" et nie l'existence d'une crise. Nous envoyons des migrants jusque dans son jardin pour exhorter l'administration Biden à faire son travail et sécuriser la frontière», avait plus tôt écrit le gouverneur du Texas au sujet du phénomène migratoire. Il assure avoir déjà fait envoyer 10 000 migrants depuis avril à Washington, New York et plus récemment Chicago.