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Migrants morts en Méditerranée : les propos d’un responsable de l'ONU font un tollé

Un responsable du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU a présenté ses excuses après avoir reproché aux mères de migrants morts en mer d’être en partie responsables de leur sort. L’organisation onusienne a également fait une mise au point.

«S’agit-il d’une candidature pour Frontex ?», «dégueulasse!», «aucune empathie», «sur quelle planète autoritaire vivez-vous ?»… Face au tollé suscité par l’un de ses tweets, Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée occidentale et centrale, a présenté ses excuses.

«Réfléchissant aux fortes réactions suscitées par mes tweets précédents, mes commentaires étaient déplacés. Je suis désolé particulièrement pour les mères qui ont perdu leurs enfants», a-t-il écrit ce 7 septembre. «Ma frustration de voir autant de vies perdues et l'impunité dont jouissent les passeurs ne justifie pas mes propos» ajoute ce Français, dans les rangs du HCR depuis près de quarante ans.

A l’origine de la polémique, ses propos tenus la veille en réaction à un tweet consacré à une manifestation à Zarzis, en Tunisie. Ce rassemblement, qui commémorait le 6 septembre les candidats à l'exil disparus en Méditerranée alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Europe, était mené par des mères de disparus.

Pour la seule Méditerranée, ils seraient 2 048 à avoir trouvé la mort en 2021 lors de leur tentative de traversée, selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

«On pleure la perte. Mais ces mêmes mères n'ont eu aucun problème à encourager ou payer pour que leurs enfants s’embarquent pour ces voyages dangereux», a réagi Vincent Cochetel. «Poursuivre symboliquement les parents pour avoir mis leurs enfants en danger pourrait déclencher de sérieux changements d'attitude vis-à-vis de ces périples de la mort», a-t-il plaidé : «Comme au Sénégal.»

En effet, Dakar applique une politique de fermeté depuis 2005. Afin d’endiguer le trafic d’êtres humains, le Sénégal a entrepris de poursuivre pour «mise en danger d’autrui» les pères qui financent les trajets illégaux de leurs enfants.

La démission du cadre de l'ONU exigée sur les réseaux sociaux

Mais sur les réseaux sociaux, ce message de Vincent Cochetel n'est pas bien passé. Il lui a été reproché son «cynisme» ainsi qu’un manque de compréhension «des raisons complexes qui poussent les gens à entreprendre ces voyages dangereux» pour reprendre les accusations du réseau activiste Alarm Phone qui a réclamé sa démission.

Le HCR «n'est pas en faveur de la condamnation des membres de la famille [des enfants disparus]», sauf en cas d'activité criminelle, a dû préciser auprès de l'AFP l’instance genevoise. «Nous comprenons parfaitement les réactions à ce tweet et l'envoyé spécial s'est excusé» a indiqué à l'agence de presse un porte-parole de l’organisation onusienne, présentant ses condoléances à tous ceux qui sont affectés par cette tragédie.