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Centrale nucléaire de Zaporojié : l'AIEA publie son rapport et dénonce une situation «intenable»

L'AIEA a réclamé dans son rapport la mise en place d'une «zone de sécurité» pour prévenir un accident nucléaire. La zone de la centrale de Zaporojié, sous contrôle russe, a fait l'objets de nombreux bombardements ces dernières semaines.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a publié ce 6 septembre son rapport sur la situation autour de la centrale nucléaire de Zaporojié. Un groupe d'experts de cette organisation s'était rendu dans la zone, contrôlée par les forces russes, et théâtre de plusieurs bombardements dont s'accusent Moscou et Kiev.

«La situation actuelle est intenable», écrit l'instance onusienne dans ce texte de 52 pages. «Il est urgent de prendre des mesures provisoires», poursuit l'AIEA, préconisant l'«établissement d'une zone de sécurité nucléaire et de protection».

Se disant prêt à «démarrer les consultations», l'organisation, qui avait déjà fait savoir que l'«intégrité physique» de l'installation avait déjà été «violée à plusieurs reprises» souligne : «Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations.»

Assauts et bombardements : une zone sous haute tension

Le ministère russe de la Défense avait fait état début septembre de deux tentatives des forces ukrainiennes de reprendre le contrôle de cette centrale — la plus grande d'Europe — et ce alors même que la mission de l'AIEA se rendait sur le site. Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, avait alors fait savoir que l'organisation internationale était satisfaite «que la Fédération de Russie [ait] fait ce qu'il fallait pour assurer la sécurité» des inspecteurs de l'AIEA, comme s'y était engagée la Défense russe dans un autre communiqué. 

L'Ukraine elle-même avait déclaré le 2 septembre avoir frappé une base russe dans la ville d'Energodar, où est située la centrale. Ce nouveau bombardement faisait suite à une série d'autres frappes dans le périmètre de cette infrastructure prise par les troupes russes dès le début de leur offensive en Ukraine, pour lesquelles chacune des parties se rejettent la responsabilité.

C'est devant l'urgence de la situation que l'équipe d'experts de l'AIEA avait été dépêchée sur place dans le cadre d'une mission vouée à «rester» à Zaporojié, comme l'avait fait savoir son chef, Rafael Grossi.

Interrogé début septembre sur les accusations du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui lui reprochait d'éluder la question de la «démilitarisation» de la zone, Rafael Grossi avait répondu : «[La démilitarisation de la centrale] est une question de volonté politique. C’est un sujet qui concerne les pays impliqués dans ce conflit, en particulier la Fédération de Russie, qui occupe les lieux. Mais ma mission – je pense qu’il est très important de le dire clairement – ma mission est une mission technique. C’est une mission qui cherche à prévenir un accident nucléaire et à préserver cette importante centrale, la plus grosse centrale nucléaire en Europe, la plus grande de toute l’Europe, pas seulement d'Ukraine. C’est donc sur cela que nous nous concentrons.»