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Handicapés stérilisés, réfugiés maltraités : l’ONU prie l’Australie de montrer plus d’humanité

Le programme australien de stérilisation forcée des personnes invalides est en train d’être examiné par les Nations unies, de même que son traitement des migrants, vivement critiqué, en particulier les conditions de vie dans les centres d’accueil.

Cette révision est effectuée dans le cadre de l’Examen périodique universel de l’Australie par l’ONU, un «processus coopératif» qui «rappelle aux Etats leurs responsabilités quant au respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales». Il s’agit du deuxième examen pour l’Australie, qui y fait face tous les quatre ans.

Le rapport complet sur les droits de l’Homme en Australie sera présenté par l’ONU ce jeudi, d’après The Guardian.

Stérilisation forcée

La pratique australienne de stérilisation forcée des personnes handicapées a été mise en lumière lors du sommet du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies ce lundi à Genève. Le Royaume-Uni en particulier a appelé à l’interdiction d’appliquer la stérilisation sans le consentement de la personne qui la subit.

Actuellement, le pays laisse aux parents d’un handicapé le soin de prendre la décision finale sur le sujet, et accepte les ordres de stérilisation issus par la cour. Cette approche de la question a attiré les reproches de la part des organisations internationales des droits de l’Homme depuis des années.

En 2014, dans son rapport annuel, Human Rights Watch a qualifié cette politique d’«alarmante», en notant qu’un an auparavant, l’ONU avait déjà appelé le gouvernement australien à «entreprendre des mesures immédiates pour interdire la stérilisation involontaire et accorder l’assistance aux personnes handicapées de sorte qu’il puissent prendre eux-mêmes les décisions les concernant».

L’Australie ne possède actuellement aucune loi en vigueur qui pourrait empêcher une stérilisation forcée des femmes invalides et des enfants, a expliqué à The Guardian la présidente de l’organisation Women with Disabilities Australia Carolyn Frohmader, en ajoutant que cela s'inscrit dans la définition de «torture» pour l’ONU.

Ce groupe fait campagne pour que cette pratique soit limitée uniquement en cas de consentement pour les femmes, et totalement supprimée pour les enfants.

Traitement des demandeurs d’asile

110 pays au total ont avancé des recommandations à l’Australie pour améliorer sa réputation dans le domaine des droits de l’Homme lors d’une réunion ce lundi, alors que le traitement infligé aux demandeurs d’asiles et peuples autochtones attire des critiques particulièrement virulentes des membres de l’ONU.

Parmi ces pays, il y a les Etats-Unis, qui a appelé l’Australie à «surveiller de près» le processus de traitement extraterritorial des réfugiés et migrants.

«Nous encourageons l’Australie à appliquer un traitement humain et respecter les droits de l’Homme pour les demandeurs d’asile, y compris pour ceux qui sont reçus hors des territoires principaux, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Nauru», a déclaré le délégué américain.

Cependant, la délégation australienne estime que ses mesures de contrôle frontalier ont sauvé des centaines de vies en pleine mer. Les autorités retiennent les réfugiés dans des centres spéciaux, et renvoient parfois les embarcations d’où elles viennent. Ces commentaires apparaissent moins d’un mois après les accusations d’Amnesty International, qui ont suggérés que le gouvernement australien a payé des passeurs pour faire faire demi-tour à des bateaux chargés de réfugiés se dirigeant vers la Nouvelle-Zélande.

En savoir plus : Pour un responsable des droits de l’homme de l’ONU, le discours anti-migrants rappelle celui de la Shoah

De fortes perturbations dans les centres de détention de l’île Christmas et l’île Manus ont aussi été au centre des discussions lors du sommet, plusieurs pays ayant appelé à des solutions alternatives à ces «prisons» à la triste réputation.

Le dernier incident en date sur l’île Christmas remonte à ce lundi, lorsqu’une véritable émeute y a éclaté après la mort suspecte d’un détenu qui s’était échappé.

L’Australie a commencé à renvoyer les bateaux des migrants après une élection du gouvernement de la coalition libérale-nationale en 2013. Le gouvernement a plusieurs fois souligné que le voyage entrepris par les demandeurs d’asile est dangereux et contrôlé par des trafiquants illégaux, et que les autorités australiennes ont l’obligation d’y mettre fin.

Les inquiétudes concernant la discrimination contre les peuples indigènes ont également été abordées lors du sommet. En particulier, «la présence d’un haut pourcentage d’enfants aborigènes entre 10 et 12 ans parmi les prisonniers des centres de détention» a été pointée du doigt par la délégation du Danemark.