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La diplomatie allemande soutiendra l'Ukraine «peu importe» ce qu'en pensent les électeurs

La ministre allemande des Affaires étrangères a affirmé que son soutien à Kiev était inconditionnel, quoi qu'en pensent les électeurs et même s'ils en souffrent et manifestent cet hiver. Un «aveu fantastique», s'étonne le chef de la diplomatie russe.

Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, ne s'en cache pas : le peuple allemand n'a pas son mot à dire concernant la politique de Berlin sur le conflit ukrainien – et notamment les sanctions contre Moscou – même s'il en subit directement les conséquences.

Peu importe ce que mes électeurs allemands pensent, je veux tenir parole auprès du peuple ukrainien

La membre du gouvernement allemand a fait cette confession quelque peu iconoclaste à l'occasion du Forum 2000 à Prague le 31 août : «Si je promets au peuple ukrainien "nous sommes à vos côtés aussi longtemps que vous avez besoin de nous", alors je veux tenir parole. Peu importe ce que mes électeurs allemands pensent, je veux tenir parole auprès du peuple ukrainien [...]. Cela signifie que toutes les mesures que je prends, tiennent tant que l'Ukraine a besoin de moi.»

D'après celle qui est également Young Global Leader du Forum économique mondial, il est donc essentiel de poursuivre la politique de sanctions européennes visant Moscou aussi longtemps que nécessaire, et ce quel qu'en soit le prix à payer pour les citoyens allemands. «Nous faisons désormais face à l'hiver, où nous seront mis au défi, en tant que politiciens démocrates, les gens vont descendre dans la rue et dire "nous ne pouvons pas payer nos factures énergétiques"», a-t-elle ainsi anticipé. «Mais je ne veux pas dire "d'accord, alors nous stoppons les sanctions contre la Russie". Nous nous tiendrons aux côtés de l'Ukraine, ce qui signifie que les sanctions resterons, également pendant l'hiver. Même si cela devient très difficile pour les politiciens», a conclu la cheffe de la diplomatie allemande.

Des déclarations qui ont laissé pantois le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov : «Oui, nos citoyens souffrent, mais il faudra qu’ils souffrent, parce que nous soutiendrons l’Ukraine envers et contre tout. C’est un aveu fantastique ! Un aveu tout simplement fantastique !»

«Ça colle très bien avec les propos qu’on entend sur la nécessité d’organiser des élections anticipées dans un certain nombre de pays européens», a-t-il par ailleurs glissé devant les étudiants et le personnel de l'Institut d'Etat des relations internationales de Moscou ce 1er septembre.