Ainsi que l’a rapporté WikiLeaks le 26 août, la Haute Cour de justice du Royaume-Uni a reçu les motifs d’appel invoqués par Julian Assange pour s’opposer à la décision du gouvernement britannique d’avoir ordonné, le 17 juin dernier, son extradition vers les Etats-Unis. Pour rappel, la ministre de l’Intérieur Priti Patel avait alors fait savoir que «les tribunaux britanniques n'avaient pas conclu qu'il serait oppressif, injuste ou un abus de procédure d'extrader Monsieur Assange».
Selon le document désormais publié par WikiLeaks, la défense de Julian Assange dispose «de nouvelles preuves importantes» concernant l’existence de facteurs politiques à l’origine de l'approbation britannique de son extradition, pour laquelle est dénoncé «un abus de procédure».
«La ministre de l'Intérieur Priti Patel a commis une erreur dans sa décision d'approuver l'ordre d'extradition, [à la fois] pour des raisons de spécialité [mais aussi] parce que la demande elle-même viole l'article 4 du traité d'extradition entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni», peut-on encore lire dans le communiqué qui fait ici référence au traité signé en 2003 entre les deux pays concernant les demandes d’extradition.
Assange emprisonné depuis bientôt trois ans et demi
Le fondateur de WikiLeaks croupit depuis bientôt trois ans et demi derrière les barreaux de la prison de haute sécurité de Belmarsh, où, bien que ne purgeant actuellement aucune peine, il reste incarcéré du fait des multiples démarches juridiques menées par Washington pour obtenir son extradition. Julian Assange est recherché par l'administration américaine qui veut le juger pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Poursuivi notamment en vertu d'une législation contre l'espionnage, il risque 175 ans de prison dans une affaire dénoncée par des organisations de défense des droits de l'homme comme une grave attaque contre la liberté de la presse.
Si elles savent monter au créneau pour dénoncer les atteintes aux libertés fondamentales dans certaines situations, les chancelleries occidentales alliées de Washington ont fait preuve ces dernières années d'un silence assourdissant concernant la détention arbitraire du fondateur de WikiLeaks dont le travail lui a pourtant valu de nombreux prix de journalisme à travers le monde. En France, les députés ont, le 4 février, majoritairement voté contre une proposition de résolution transpartisane favorable à l'asile politique pour Julian Assange.