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Le FSB accuse «les services spéciaux ukrainiens» d'avoir organisé le «meurtre» de Daria Douguina

Le FSB a fait savoir que le «meurtre» de la fille d'Alexandre Douguine, dont la voiture avait explosé dans la banlieue de Moscou, avait été résolu et a accusé «les services spéciaux ukrainiens» de l'avoir fomenté.

Deux jours après la mort de Daria Douguina, dont la voiture avait explosé dans la banlieue de Moscou, le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) a publié un communiqué le 22 août accusant «les services spéciaux ukrainiens» d'avoir «préparé et commis» le «meurtre» de la jeune femme.

«A la suite d'un ensemble d'investigations menées d'urgence, le Service de sécurité de la Fédération de Russie a résolu le meurtre de la journaliste russe Daria Douguina [...] Il a été établi que le crime avait été préparé et commis par les services spéciaux ukrainiens», explique le FSB dans son communiqué.

Une femme ukrainienne accusée par le FSB

D'après la même source, l'«exécutant est une citoyenne ukrainienne, Natalia Pavlovna Vovk, née en 1979, qui est arrivée en Russie le 23 juillet 2022, avec sa fille Sofia Mikhaïlovna Chaban, née en 2010».

Toutes deux «étaient au festival littéraire et musical intitulé "Tradition", auquel Daria Douguina participait en tant qu'invité d'honneur» avant que sa voiture n'explose sur le chemin du retour.

Selon le FSB, Natalia Pavlovna Vovk et sa fille ont «loué un appartement à Moscou dans l'immeuble où habitait la victime» afin d'«obtenir des informations sur son mode de vie».

La suspecte a fui «vers l'Estonie», selon le FSB

«Après l'explosion contrôlée de la voiture Toyota Land Cruiser Prado conduite par Daria Douguina le 21 août 2022, Natalia Vovk et sa fille sont parties par la région de Pskov vers l'Estonie», précise le FSB.

Afin de «surveiller la journaliste, les criminels ont utilisé une voiture de modèle Mini Cooper, qui en arrivant en Russie, était dotée [d'une] plaque d'immatriculation de la République populaire de Donetsk [...] à Moscou [d'une] plaque d'immatriculation du Kazakhstan [...] et en sortant [du territoire, d'une] plaque ukrainienne».

Le FSB a mis en ligne dans la journée une vidéo dont il affirme qu’elle montre les déplacements de Natalia Vovk sur le territoire russe ainsi que sa fuite en Estonie.

«Les dossiers de l'enquête ont été transférés au Comité d'enquête de la Fédération de Russie», conclut le FSB.

De son côté, cité par l'agence Interfax, le ministère estonien des Affaires étrangères a assuré ne pouvoir «publier les données des personnes qui traversent les frontières que dans les cas prévus par la loi». «La situation où les services spéciaux russes les accusent de quelque chose dans les médias n'a aucun rapport avec de tels cas. Nous n'avons reçu ni information officielle ni demande de la part des autorités russes à ce sujet», a-t-il noté.

La piste ukrainienne renforcée

Ces nouveaux éléments précisent donc la piste ukrainienne malgré les dénégations de Kiev concernant sa responsabilité dans la mort de la fille de l'intellectuel Alexandre Douguine.

Le soir de l'explosion de la voiture de la journaliste déjà, Denis Pouchiline, le président de la République populaire de Donetsk (RPD), avait estimé sur Telegram que ce décès était un assassinat fomenté l'Ukraine. Il avait accusé le soir même les «terroristes du régime ukrainien» d'être à l'origine de l'explosion en ayant «tenté de liquider Alexandre Douguine».

De son côté, toujours sur la messagerie cryptée, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait prévenu le 21 août : «Si la piste ukrainienne est confirmée, une version qui a été formulée par le chef de la RPD Denis Pouchiline et qui doit être vérifiée par les autorités compétentes, alors il s’agira de la politique de terrorisme d'Etat mise en œuvre par le régime de Kiev.»

Elle a ajouté le 22 août sur Telegram : «L'Occident doit comprendre que l'implication du régime de Kiev dans les activités terroristes n'est pas du hasard et n'est pas un exemple isolé. Ce n'est pas même une norme comportementale. Tout est beaucoup plus grave. C'est la mentalité nationaliste mêlée au terrorisme en tant que moyen visant à mettre en œuvre une idéologie criminelle.»

Répondant à ces accusations le le 21 août, Mikhaïl Podoliak, chef du bureau du président ukrainien Volodymyr Zelensky, avait quant à lui expliqué, cité par l'agence de presse Unian, que son pays n'avait «rien à voir» avec la mort de Daria Douguina.

Malgré le communiqué du FSB, il a maintenu sa version le 22 août. «La propagande russe vit dans un monde fictif : une femme [ukrainienne] et son enfant de 12 ans ont été "désignés" responsable de l'explosion de la propagandiste Douguina. Etonnamment, ils n'ont pas trouvé le "visa estonien" sur place», a-t-il tancé sur Twitter, qualifiant les «services spéciaux russes» de «vipères».

Alexandre Douguine demande aux Russes de remporter «la victoire» en mémoire de sa fille.

Pour la première fois depuis la mort de sa fille, Alexandre Douguine, s'est exprimé le 22 août dans un texte transmis par l'homme d'affaires Konstantin Malofeïev. «Ma fille Daria Douguina a été tuée de façon monstrueuse sous mes yeux par une explosion. Elle était une belle fille, orthodoxe, patriote, correspondante de guerre, experte sur les chaînes centrales, philosophe. Ses interventions et reportages étaient toujours profonds, raisonnables et sobres. Elle n'a jamais appelé à la violence ou à la guerre», a-t-il assuré.

«Elle était une étoile montante au début de son chemin. Les ennemis de la Russie l'ont tué de manière ignoble et sournoise. Mais il est impossible de vaincre notre peuple même par de tels coups insupportables. Ils voulaient écraser notre esprit par la terreur sanguinaire contre les meilleurs et les plus vulnérables d'entre nous, mais ils n'arriveront jamais à leurs fins», a-t-il ajouté.

«Ce n'est pas seulement la vengeance ou le châtiment que désirent nos cœurs. С'est trop mesquin, ce n'est pas à la russe. Nous n'avons besoin que de la victoire. Ma fille a sacrifié sa vie sur l'autel de la victoire. Alors, remportez-la, s'il vous plaît!», a-t-il encore fait valoir.

Née du deuxième mariage d'Alexandre Douguine avec la philosophe Natalia Melentieva, Daria était diplômée de la faculté de philosophie de l'Université d'Etat Lomonossov de Moscou et avait travaillé comme observatrice politique du Mouvement international eurasiatique fondé par son père, théoricien du néo-eurasisme.

Selon des proches de la famille Douguine, cités par les agences de presse russes, c'est en réalité Alexandre qui aurait été la cible de cette attaque. D'après les médias russes, Daria aurait en fait pris la voiture dans laquelle son père devait se trouver.

Daria Douguina était visée par des sanctions prises à son encontre par le Royaume-Uni depuis juillet, Londres l'accusant d'être une «source de désinformation concernant l'Ukraine» et de soutenir ou encourager «des politiques ou des actions visant à déstabiliser la situation en Ukraine».