Les Nations Unies ont annoncé le 2 août le prolongement à la dernière minute de la trêve en vigueur au Yémen, avec l'espoir d'«intensifier» les négociations pour parvenir à une paix plus «durable» dans le pays, ravagé par près de huit ans de guerre.
«J'ai le plaisir d'annoncer que les parties ont convenu de prolonger la trêve, dans les mêmes conditions, pour deux mois supplémentaires, du 2 août 2022 au 2 octobre 2022», a déclaré l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg. Ce cessez-le-feu «inclut un engagement des parties à intensifier les négociations pour parvenir à un accord de trêve élargi dès que possible», a-t-il précisé dans un communiqué.
Selon lui, des tractations sont en cours via l'ONU «afin de consolider l'opportunité offerte par la trêve de s'orienter vers une paix durable». «L'objectif principal de la trêve actuelle reste de soulager de manière tangible les civils et de créer un environnement propice à un règlement pacifique du conflit par un processus politique global», a ajouté Hans Grundberg.
Le 2 avril, une trêve de deux mois a été observée au Yémen puis prorogée pour une période identique le 2 juin, donnant aux Yéménites un rare répit. Comme en juin, l'annonce du renouvellement de la trêve a été faite le jour même où elle était censée s'achever.
Le président américain Joe Biden a salué la reconduction de la trêve et «la période de calme sans précédent» au Yémen, selon un communiqué de la Maison Blanche. L'Union européenne s’est également félicitée dans un communiqué en date du 2 août de l'extension de la trêve et a appelé les protagonistes à continuer de la respecter, ainsi qu’à œuvrer pour une relance des négociations de paix sous l'égide de l'ONU afin de parvenir à un règlement du conflit.
Les ONG soulignent les effets positifs de la trêve
Le 1er août, plusieurs organisations humanitaires locales et internationales œuvrant au Yémen avaient appelé à reconduire la trêve pour une période plus longue de «six mois ou plus». Selon elles, le cessez-le-feu a permis en quatre mois de réduire «considérablement» le nombre de victimes civiles et de faciliter l'acheminement des carburants, ce qui a permis d'assurer un «bon fonctionnement des services publics». La trêve semble avoir été relativement respectée sur le terrain malgré des violations sporadiques selon ces ONG, qui incluent notamment Action contre la faim, Handicap International, Médecins du Monde, Oxfam et Save the Children.
Les belligérants s'étaient à plusieurs reprises mutuellement accusés de violations de la trêve. Le 2 août, l'émissaire de l'ONU a promis d'intensifier ses efforts «pour assurer la mise en œuvre complète de toutes les obligations des parties dans la trêve». Ces obligations ont trait au paiement des salaires des fonctionnaires, à l'ouverture de routes bloquées comme dans la ville de Taëz, assiégée par les rebelles, un élargissement des vols en provenance et à destination de l'aéroport de Sanaa, ainsi qu'un acheminement plus régulier des carburants vers les ports de Hodeïda, à l’ouest du pays.
L'annonce du prolongement de la trêve intervient à l'heure où le Yémen est confronté à une baisse de l'aide humanitaire. Fin juin, le Programme alimentaire mondial de l'ONU avait en effet annoncé des réductions supplémentaires de son aide en raison d'un déficit chronique des financements, de l'inflation, ainsi que des répercussions du conflit en Ukraine.
Selon l'ONU, la guerre au Yémen a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, les deux tiers de la population ayant besoin d'aide humanitaire, face notamment à un risque de famine à grande échelle. Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est dévasté par le conflit qui oppose les forces du gouvernement, appuyées par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite depuis 2015, aux rebelles Houthis soutenus par l'Iran, le rival de Ryad dans la région.