Banale activité de ministre de l'Economie pour les macronistes et les libéraux, preuve de collusion avec les lobbies des entreprises américaines pour les autres, les révélations Uber Files suscitent leur paquet de tweets et leur file de commentaires le 11 juillet.
Alors que l'Assemblée nationale débattait d'une motion de censure contre le gouvernement Borne présentée par la gauche, et finalement rejetée, une vidéo d'une confrontation d'avril 2017 entre Emmanuel Macron et le syndicaliste de chauffeurs VTC Sayah Baaroun dans l'Emission politique a été massivement partagée.
Le face-à-face tendu a pour objet l'attrait supposé de l'aspirant président pour le principe d'ubérisation. Au cours de l'échange, dont la version circulant sur les réseaux sociaux a été tronquée, Sayah Baaroun lui fait remarquer qu'il a surpris son directeur de cabinet au ministère de l'Economie en pleine discussion avec des acteurs du secteurs et des élus en train de faire du «lobbying dans un restaurant de luxe».
L'accusation semble fort déplaire à Emmanuel Macron qui suggère «de donner les noms et d'aller devant le juge», pendant que son interlocuteur lui rétorque qu'«il y a eu un article» de Rue89 sur le sujet. «On ne peut pas dire tout et n'importe quoi [...] Je n'ai jamais défendu les intérêts de l'un ou de l'autre ce que je dis juste c'est que je défendrai toujours les emplois qu'on crée et la nouvelle activité économique [et] une juste régulation de cette économie», rétorque le futur président.
Une rencontre dans un luxueux restaurant parisien
L'article mentionné dans l'émission par Sayah Baaroun repose sur une vidéo prise sur le vif dans un cadre luxueux le 28 juin 2016 au restaurant «Chez Laurent», à proximité de l'Elysée. Auraient été présents, selon Rue89, «les PDG de SnapCar, AlloCab, Chauffeur-Privé, MarcelCab et LeCab», ayant invité à déjeuner «quatre députés, un sénateur, et un membre de cabinet ministériel». C'est sans doute à ce dernier que Sayah Baaroun semble faire référence sur le plateau de l'Emission politique.
Selon Rue89, la rencontre aurait eu pour but de convaincre les élus à se débarrasser de certains articles gênants du projet de loi dite Grandguillaume, censée mettre fin aux abus nés de l'arrivée sur le marché de ces nouveaux services, mais dont des dispositions déplaisaient aux entreprises du secteur. Interrogés, les élus présents ont démenti avoir été soumis à une quelconque pression mais avoir simplement accepté d'entendre les arguments des professionnels au cours de la rencontre.
Le quotidien britannique The Guardian s'est procuré 124 000 documents, datés de 2013 à 2017 de la société Uber, qu'elle a également transmis au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ). Selon les éléments déjà publiés, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, aurait montré une certaine bienveillance envers la société pourtant décriée pour ses pratiques douteuses, voire illégales.
Le service de presse de l'Elysée a fait savoir à Radio France que les activités de ministre d'Emmanuel Macron l'avaient «naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires».