Le sujet n'était pas au cœur de la réunion de la commission des Finances du 7 juillet désormais présidée par le député insoumis Eric Coquerel, mais fera sans doute du bruit dans les mois à venir. Alors que la session était essentiellement consacrée au projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes de l’année 2021, le président de la commission fraîchement élu a annoncé, avant la suspension de séance, sa volonté de proposer une mission d’information «sur les cabinets de conseil privés à la suite des polémiques McKinsey et Capgemini», alors que le nouveau ministre des Comptes publics Gabriel Attal avait achevé sa présentation. Il s'agira de «s'interroger sur leur rapport qualité-prix, leur nécessité et leur rôle», a-t-il précisé.
Le député de Seine-Saint-Denis remet ainsi sur la table un débat qui a agité la campagne présidentielle et pesé sur la campagne d'Emmanuel Macron. Suite au rapport de la commission d'enquête du Sénat publié en mars dénonçant l’emprise des cabinets de conseil sur l’appareil d’Etat et leurs montages fiscaux destinés à éviter de payer des impôts, ainsi qu'aux révélations du Canard enchaîné sur le sujet, les oppositions étaient montées au créneau pour dénoncer un «McKinseyGate», voire un «MacronGate», forçant le gouvernement à se défendre tant bien que mal de toute collusion et à justifier les dépenses engagées par l'Etat au titre de ces conseils externes.
Si le nom de McKinsey a focalisé l'attention, celui de Capgemini est revenu dans plusieurs enquêtes et articles récents. Selon Le Monde, ce cabinet français «semble disposer d’un poids bien supérieur à ses confrères américains sur la conduite des affaires de l’Etat» et s'est vu confier des missions auprès de multiples administrations pour un total de 1,1 milliard d’euros en cinq ans, selon les chiffres du quotidien.
Outre un accès à des données fiscales sensibles dans le cadre d'une prestation pour les douanes, Capgemini – qui a tenu à faire une mise au point officielle sur ses activités – est également mis en cause dans l'échec retentissant de plusieurs logiciels informatiques dans les services publics. Parmi eux, le logiciel Scribe, destiné à faciliter le travail de saisie des procès-verbaux pour la police et la gendarmerie, a été abandonné après avoir coûté plus de 13 millions d'euros, une opération qualifiée d'«échec» par la Cour des comptes dans un audit récent.
L'annonce d'Eric Coquerel a cependant suscité quelques critiques : la sénatrice UDI Nathalie Goulet a estimé qu'une mission d’information sur les cabinets de conseil serait redondante alors que le Sénat «a fait un travail remarquable et déposé une proposition de loi». Rapporteur de la commission d'enquête de la chambre haute, Eliane Assassi (PCF), s'est également étonnée de la démarche, alors «qu’un travail sérieux et rigoureux a déjà été réalisé au Sénat». «C’est beau le rassemblement !», a-t-elle ironisé, en référence à la coopération censée avoir cours entre les différents groupes de gauche composant la Nupes.