Une perquisition était en cours ce 24 mai au siège français du cabinet de conseil McKinsey, avenue des Champs-Elysées à Paris, dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, a confirmé le parquet national financier (PNF) à l'AFP.
Cette enquête fait suite au rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, évoquant un «phénomène tentaculaire» et une explosion des dépenses liées au recours à des consultants extérieurs. Selon le rapport, les contrats passés entre l'Etat et plusieurs cabinets de conseil ont «plus que doublé» entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.
McKinsey affirme respecter les règles fiscales françaises
Les entités françaises du cabinet McKinsey y étaient accusées d'avoir mis en place un montage fiscal leur permettant de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. McKinsey s'était défendu en affirmant respecter les règles fiscales françaises, précisant qu'une de ses filiales avait payé l'impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période évoquée par le Sénat.
Le rapport parlementaire avait déclenché une vive polémique pendant la campagne présidentielle, les oppositions politiques au chef de l'Etat ayant demandé de manière répétée l'ouverture d'une enquête sur ce qu'elles considéraient être du favoritisme, dont la majorité macroniste aurait fait preuve au profit de ce cabinet de conseil, dont certains membres ont pu œuvrer pour la Macronie, notamment lors de la présidentielle 2017. «S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal», avait rétorqué fin mars Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochaient ces nombreux contrats. Le président de la République avait estimé notamment que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur.
Lors d'une conférence de presse destinée à déminer l'affaire McKinsey le 30 mars, Olivier Dussopt, alors ministre des Comptes publics, avait assuré qu'il n'y avait «rien à cacher» dans ce dossier, tout en contestant les chiffres avancés par la presse quant au coût du recours à des cabinets extérieurs.
Après «des vérifications» effectuées après la publication du rapport sénatorial, le PNF a ouvert le 31 mars une enquête sur le volet fiscal, confiée au service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), créé en 2019 et placé sous la tutelle de Bercy. C'est le procureur financier Jean-François Bohnert qui l'avait annoncé le 6 avril, quatre jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, dans un communiqué qui ne mentionnait pas le nom de McKinsey.