Le 5 juillet, la France a rapatrié 35 mineurs et 16 mères présents dans des camps de prisonniers djihadistes en Syrie depuis la chute de Daesh, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
«La France a procédé ce jour au retour sur le territoire national de 35 enfants mineurs français qui se trouvaient dans les camps du nord-est de la Syrie. Cette opération inclut également le retour de 16 mères en provenance de ces mêmes camps», selon le communiqué, qui précise que les mères ont été remises aux autorités judiciaires et les enfants aux services d'aide à l'enfance.
Notre pays s’honore de rapatrier ses enfants en danger qui, s’ils restaient dans les camps de Syrie, seraient soumis à l’influence de Daesh
Parmi les 16 mères rapatriées, on trouve notamment Emilie König, l'une des djihadistes françaises les plus connues. Cette femme de 37 ans, originaire de Lorient (Morbihan), était partie en Syrie en 2012. Elle est accusée d'avoir recruté pour Daesh et appelé à commettre des attaques en Occident.
Selon l'AFP, lors d'une audience devant le juge des libertés et de la détention (JLD), elle a été placée en détention provisoire après avoir été mise en examen par un juge antiterroriste.
Elle faisait l'objet d'un mandat d'arrêt. Elle a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et pourrait être incarcérée après avoir été présentée à un juge des libertés et de la détention. Régulièrement apparue dans des vidéos de propagande, elle avait été placée par l'ONU sur sa liste noire des combattants les plus dangereux.
Elle est mère de cinq enfants, dont trois nés en Syrie, qui ont été rapatriés en France début 2021. Dans un entretien à l'AFP en avril 2021 du camp de Roj, elle avait dit vouloir «retourner en France».
Des réactions mitigées dans la classe politique
La décision de rapatriement de ces 51 personnes a été diversement appréciée par les responsables politiques. Le député Rassemblement national (RN) Julien Odoul a qualifié ce retour de «crime contre la sécurité de notre peuple». «Les islamistes qui sont partis en Syrie ont déclaré la guerre à la France, ont brûlé leur passeport, ont soutenu ou commis des atrocités pour l’Etat islamique», a-t-il écrit.
«Enfin ! La France a procédé au rapatriement de 35 enfants et de 16 mères qui se trouvaient dans les camps du nord-est de la Syrie», s'est au contraire réjouie la sénatrice de gauche (ex-EELV) Esther Benbassa.
«Notre pays s’honore de rapatrier ses enfants en danger qui, s’ils restaient dans les camps de Syrie, seraient soumis à l’influence de Daesh et deviendraient des dangers. Quant à leurs mères, elles doivent être traduites en justice», a estimé pour sa part l'ancienne tête de liste du parti macroniste aux élections européennes Nathalie Loiseau.
Ces 35 enfants s'ajoutent aux 126 enfants dont les parents avaient rejoint des territoires repris à l'Etat islamique déjà rapatriés en France depuis 2016. Avant ce dernier rapatriement, il restait près de 200 mineurs et 80 mères dans des camps du nord-est syrien contrôlés par les Kurdes, où les conditions de vie sont «épouvantables» selon l'ONU.
Le 14 décembre 2021, une Française âgée de 28 ans, diabétique, était morte, laissant orpheline une fillette de six ans. Fin avril, le Défenseur des droits Claire Hédon avait exhorté le gouvernement à procéder au rapatriement «dans les plus brefs délais», de tous les enfants français retenus dans les camps du nord-est de la Syrie.
Dans un communiqué publié ce 5 juillet, le Collectif des familles unies, qui regroupe des familles de Français partis en zone irako-syrienne, a déclaré «espérer» que ce dernier rapatriement «signe la fin de cette abjecte politique du "cas par cas" qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères».