Les réactions des oppositions ont fusé après l'annonce le 4 juillet, par un communiqué de l'Elysée, de la composition du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne, marquée par le remplacement de plusieurs ministres défaits aux élections législatives et par le départ de Damien Abad, accusé de violences sexuelles. Elles ont aussi ciblé le maintien de sortants, à commencer par Gérald Darmanin et le retour de certaines personnalités, dont Marlène Schiappa, désormais en charge de l'Economie sociale et solidaire.
Il y a manifestement peu de volontaires pour grimper à bord du Titanic
A gauche, le député de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard a ironisé sur ce retour et l'ampleur limitée des changements : «Il y a manifestement peu de volontaires pour grimper à bord du Titanic.», a-t-il jugé.
La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a également manié l'ironie à propos du retour de Marlène Schiappa, y voyant un signe d'une «galère de recrutement» de la Macronie après deux semaines de «grandes consultations». Selon elle, le remaniement est un «non-événement», montrant seulement que «la Macronie rabougrie se replie sur elle-même».
Elle a également critiqué la reconduction de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur et le portefeuille élargi aux Outre-Mer dont il dispose désormais, dénonçant cette extension des responsabilités en faveur de «celui qui a envoyé le RAID et le GIGN lorsque les Guadeloupéens demandaient plus de justice sociale», qui traduit selon elle le «cynisme» et le «mépris» de la Macronie.
Commentant pour sa part l'arrivée du maire d'Angers Christophe Béchu (Horizons) au ministère de la Transition écologique en remplacement d'Amélie de Montchalin, la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau a tenu à souligner qu'elle n'avait «jamais croisé» le nouveau ministre «sur la moindre lutte écologiste».
Le porte-parole du PCF, Ian Brossat, a quant à lui critiqué un «nouveau jeu de chaises musicales au gouvernement», sans réelle importance puisque «l'essentiel se jouera à l'Assemblée nationale grâce au vote des Français qui n'ont pas donné de majorité absolue à la Macronie».
Ceux qui ont échoué sont tous reconduits
A droite, la vice-présidente de Les Républicains Agnès Evren a estimé sur BFM TV qu'il avait peu de nouveauté dans ce remaniement, qui n'aurait servi qu'à « remplacer les gueules cassées» de la précédente équipe. Selon elle, le gouvernement «ne prend absolument pas en compte la nouvelle donne à l'Assemblée nationale», et ne donne guère d'indication sur le cap qui sera adopté.
Sous un autre angle d'attaque, le leader des Patriotes Florian Philippot a lui aussi condamné le choix de maintenir Gérald Darmanin comme ministre de l'Intérieur, après que sa gestion de la finale de la Ligue des champions au Stade de France le 28 mai dernier a été sévèrement critiquée, notamment par les sénateurs. Selon Florian Philippot, les «mensonges» du ministre dans ce dossier ne semblaient pas mériter une telle «récompense». Il a par ailleurs évoqué la nomination du nouveau ministre de la Santé François Braun, l'invitant à réintégrer les soignants suspendus pour avoir refusé la vaccination contre le Covid-19.
Revenant sur la méthode adoptée par Emmanuel Macron pour présenter le nouveau gouvernement (un simple communiqué), Marine Le Pen a estimé, pour le Rassemblement national, que «ceux qui ont échoué sont tous reconduits» et que «le président de la République ignore ainsi une nouvelle fois le verdict des urnes et la volonté des Français d’une autre politique».
Sur un ton plus moqueur, Gilbert Collard, président d'honneur de Reconquête !, a commenté le retour de Marlène Schiappa aux manettes en parlant d'un «jour de deuil» pour l'animateur Cyril Hanouna, qui perd une chroniqueuse dans son émission sur C8, mais «d'un jour de "gloire"» pour le gouvernement, qui la récupère. «Le triste show de Cyril Macron continue !», a-t-il déploré.