France

10 000 euros requis contre Zemmour pour une interview «incitant à la haine»

Une entrevue à 10 000 euros pour le polémiste français ? C’est en tout cas ce qui est requis par le Parquet après que des associations se soient portées partie civile pour faire condamner ses propos, qui selon eux, stigmatisent les musulmans.

En 2014, alors qu’il faisait la promotion de son livre Le suicide français, Eric Zemmour avait donné une interview au journal italien Corriere Della Sera, qui est restée en travers de la gorge de diverses organisations antiracistes.

Celles-ci ont décidé d’attaquer l’écrivain en justice à cause de certains propos qu’il avait alors tenus à l’égard des musulmans de France. Développant ses thèses, le polémiste avait notamment déclaré que ces derniers avaient «leur code civil, c’est le Coran», ou encore qu’ils «vivent entre eux, dans les banlieues». Il avait également ajouté que «des millions de personnes vivent ici, en France, mais ne veulent pas vivre à la française».

La procureur du Parquet de Paris, où s’est tenue l’audience pendant près de sept heures, a estimé dans son réquisitoire que les propos étaient «stigmatisants», «sans nuances» et qu'il désignaient «l’ensemble de la communauté musulmane». Elle a ajouté qu’ils avaient «pour objet principal d'opposer les musulmans et les Français», avant de requérir une amende de 10 000 euros contre l’accusé.

Au cours de l’audience, l’avocat de l’organisation SOS Racisme, Patrick Klugman, a dénoncé les «thèses totalement nauséabondes» de Zemmour. Sabrina Goldman, avocate d’une autre association qui était partie civile, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), a estimé que le penseur était coupable de déculpabiliser «le discours des racistes du quotidien».

Après délibération, le tribunal rendra son jugement le 17 décembre 2015.

Eric Zemmour, qui en appelle à l’exercice de sa liberté d’expression, a déjà été poursuivi plusieurs fois pour incitation à la haine, en raison des propos qu’il tient. En 2011, il avait été condamné pour avoir déclaré que «la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait».