Après une plainte de proches de Samuel Paty pour fautes de l'Etat, une enquête a été ouverte à Paris en avril selon une source proche du dossier contactée par l'AFP le 16 juin.
Un an et demi après l'assassinat de Samuel Paty près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dix membres de sa famille avaient porté plainte en avril à Paris contre l'administration, qu'ils jugent fautive de n'avoir pas protégé le professeur d'histoire-géographie. «Des fautes ont été commises tant du côté de l'Education nationale que du côté du ministère de l'Intérieur, sans lesquelles Samuel Paty aurait pu être sauvé», avait fait savoir leur conseil, Virginie Le Roy. Sollicitée, elle n'a pas répondu immédiatement à l'AFP.
Francis Szpiner, avocat de l'ancienne compagne et du fils de Samuel Paty, avait affirmé sur Twitter à l'époque du dépôt de plainte que la première avait «appris avec surprise le dépôt d'une plainte contre X pour "non empêchement de crime", procédure à laquelle elle n'entend pas s'associer». L'ancienne compagne de l'enseignant considérait «que l'idéologie salafiste [était] seule responsable de la mort de Samuel Paty et que l'Etat l'[avait] toujours, ainsi que son fils, soutenue», avait ajouté l'avocat.
L'administration a-t-elle nié la menace contre le professeur ?
Longue de 80 pages, la plainte de Virginie Le Roy ciblait les délits de «non-empêchement de crime et de non-assistance à personne en péril» et visait «plusieurs agents du ministère de l'Intérieur et du ministère de l'Education nationale» qui ont eu à connaître, directement ou indirectement, de la situation de Samuel Paty.
L'un des enjeux juridiques devrait être de savoir si ces agents pouvaient avoir conscience de l'existence d'une menace réelle, ciblée et immédiate visant le professeur.
Dans le détail, la plainte rappelle le lent engrenage, débuté par un cours sur la laïcité dans le collège début octobre 2020, qui a abouti à l'assassinat le 16 du professeur âgé de 47 ans par Abdoullakh Anzorov, un islamiste réfugié russe d'origine tchétchène.
Le jeune homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet et avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir «vengé le prophète», avant d'être tué par la police.