«Pas une seule voix» ne doit aller au Rassemblement national (RN) dans les 58 duels qui opposeront le parti de droite à la gauche unie Nupes au second tour des législatives, a exhorté ce 13 juin la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire. Une position qu'elle a toutefois tempéré rapidement, affirmant que dans «très peu de cas» il n'y aurait pas de consigne de vote.
Evoquant les «50 nuances de Nupes» en référence à l'alliance de la gauche, Olivia Grégoire a ainsi pris l'exemple de Valérie Rabault – chef des socialistes à l'Assemblée nationale et pressentie pour le poste de Première ministre – expliquant que pour la majorité, c'est «oui, trois fois oui face au RN» dans son cas.
Mais dans d'autres situation, ce n'est visiblement pas aussi simple. «Est-ce que pour autant nous appelons à soutenir les quelques candidats qui ont des positions antirépublicaines, les quelques candidats qui ont en suppléants des gens qui ont été condamnés pour avoir caillassé la police ? Non», a-t-elle alors ajouté.
Cette position quelque peu confuse de la majorité sur l'attitude à adopter dans les duels RN/Nupes l'était plus encore la veille au soir, au terme du premier tour. Le ministre délégué chargé de l'Europe, Clément Beaune, enjoignait par exemple les électeurs à privilégier les candidats de la Nupes face à ceux du RN, sans ambiguïté.
«Quand il y a un duel entre l'extrême gauche et l'extrême droite, même en me pinçant le nez, je préfère l'extrême gauche», a-t-il ainsi déclaré comme le rapporte TF1.
Même son de cloche chez Maud Bregeon, porte-parole de Renaissance, selon qui «pas une voix ne [devait] aller au RN» et d'après qui «partout nous appelons à faire battre le candidat de l'extrême droite».
Or, plus tôt, le Premier ministre Elisabeth Borne dénonçait de son côté «la confusion inédite entre les extrêmes», sans donner de consigne claire aux électeurs macronistes pour leur choix entre les deux partis... Dans la foulée, l'exécutif faisait savoir que les consignes seraient données «au cas par cas», notamment pour traiter différemment socialistes, écologistes et insoumis, car certains candidats de la gauche unie seraient qualifiables d'«extrêmes».
Mais cette position avait allumé un début de polémique dans la soirée du 12 juin. «Scandaleux», avait notamment jugé l'écologiste Yannick Jadot, tout comme de nombreux Insoumis.
En réponse à une demande de clarification du communiste Fabien Roussel, le Premier ministre Elisabeth Borne avait déjà commencé à rétropédaler dans un tweet : «Face à l'extrême droite nous soutiendrons toujours les candidats qui respectent les valeurs républicaines. Notre ligne : ne jamais donner une voix à l'extrême droite.»
Ce discours ambivalent n'est pas sans faire écho à l'évolution de la position de la majorité avant et après le second tour de la présidentielle vis-à-vis des électeurs de gauche et notamment ceux qui ont voté en faveur de Jean-Luc Mélenchon. «Moi qui suis un homme de gauche [...] Je sais très bien que nous avons des idées différentes et des valeurs communes», avait souligné à titre d'exemple Richard Ferrand au soir du premier tour de la présidentielle.
Une déclaration à la tonalité bien différente de celle effectuée à l'issue du premier tour des législatives. Evoquant son duel dans le centre Finistère qui l'oppose à Mélanie Thomin, candidate de la Nupes, le président de l'Assemblée nationale a en effet tenu un tout autre discours : «Nous sommes, pour ce second tour, face à un choix de valeurs et de projets diamétralement opposés. Il faut mettre en lumière ce qu’est réellement le programme qui est porté par le chef de file de Nupes, qui dit, par exemple, aux Bretonnes et aux Bretons que les régions et les langues régionales seraient les poisons de la République.»