France

«Manipulation» : la Nupes conteste la présentation des chiffres par le ministère de l'Intérieur

Jean-Luc Mélenchon ainsi que des candidats Nupes accusent le gouvernement de ne pas avoir comptabilisé les résultats de certains candidats dans l'alliance de gauche afin de faire apparaître «artificiellement» la coalition présidentielle en tête.

Selon les chiffres officiels publiés par le ministère de l'Intérieur le 12 juin, Ensemble!, le parti de la majorité présidentielle, arriverait en tête d'un souffle (25,75 %) devant l’alliance de gauche Nupes (25,66 %) au premier tour. Mais selon plusieurs candidats de Nupes ainsi que Jean-Luc Mélenchon, cette présentation des résultats serait trompeuse et résulterait de la non prise en compte par la place Beauvau de certains candidats sous l'étiquette de l'alliance de gauche. 

«Il y a une espèce de tripatouillage pour essayer d'arranger les résultats. Un certain nombre de candidats ne sont pas comptabilisés dans les résultats de la Nupes, alors qu'ils sont soutenus par la Nupes, comme Dominique Potier en Meurthe-et-Moselle par exemple», soutient ainsi Eric Coquerel, député LFI de la Seine-Saint-Denis, sur Public Sénat.

Même son de cloche chez Manuel Bompard, selon qui la Nupes aurait réalisé 26,8% des voix, et pour qui il s'agit d'une «nouvelle manipulation de [Gérald] Darmanin» dans le seul but de «faire apparaître artificiellement le parti d' [Emmanuel] Macron en tête».

Un peu plus tard, Jean-Luc Mélenchon a repris à son compte les accusations, en donnant comme exemples de «manipulation des résultats» le cas de Jean-Hugues Ratenon — député de La Réunion, qui a été classé Divers gauche alors qu'il «siège [depuis] cinq ans au groupe LFI à l’Assemblée» — ou encore Joël Aviragnet, député de la Haute-Garonne et membre du PS.

Le quotidien Le Monde a lui aussi publié des résultats qui diffèrent de ceux de l'Intérieur, plaçant la Nupes légèrement en tête avec 26,10 % des suffrages contre 25,81 % pour Ensemble! Le mauvais étiquetage des candidats est bien en cause selon le quotidien, qui rappelle que le Conseil d'Etat, saisi par La France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts, Génération·s, Génération Ecologie, Les Nouveaux Démocrates, le Parti communiste français, le Parti socialiste et la Nupes, avait enjoint au ministère de l’intérieur le 7 juin de «comptabiliser la Nupes comme une nuance politique unique dans la présentation des résultats qui sera faite». Dans l'urgence, le ministère avait donc été contraint de procéder à un réétiquetage des candidats, qui se trouve donc aujourd'hui contesté.

Le ministère de l'Intérieur, cité par le Parisien, dément de son côté les accusations, affirmant : «C’est la direction de campagne de Nupes qui, par un mail adressé au ministère de l’Intérieur le 8 juin 2022, a listé l’ensemble des candidats à qui il conviendra d’attribuer la nuance Nupes. Dans cette liste pourtant très complète ne figurait aucun candidat outre-mer. Ces candidats ne figurent pas non plus sur leur site officiel.» La place Beauvau précise en outre que plusieurs candidats soutenus par la majorité présidentielle, comme Damien Abad, sont classés «Divers droite».

Du côté de la majorité présidentielle, Christophe Castaner, chef des députés LREM à l'Assemblée nationale, a pour sa part estimé que la position des ténors de la France insoumise tiendrait de la «théorie du complot». «On est dans une classique théorie du complot, le monde entier leur en veut. Ils parlent de gens qu'ils ne soutenaient pas il y a deux jours», a-t-il déclaré, cité par BFM TV. «Ne cherchons pas à rajouter du complot à la culture complotiste qu'on connaît chez la France insoumise», a-t-il encore ajouté.