Les salariés de l'électricité et du gaz avaient déposé à la mi-mai ce préavis national, reconductible jusqu'au 13 septembre, qui a démarré le 2 juin : la CFE-Energies, la CFDT Chimie-Energie, la FNEM-FO et la FNME-CGT réclament une revalorisation de la grille des salaires prenant en compte l'inflation.
Dans l'agglomération d'Angers, une coupure de courant a touché la ville pendant près de trois heures, à la mi-journée, affectant jusqu'à 175 000 foyers, a indiqué Réseau de transport d'électricité (RTE), le gestionnaire du réseau électrique, confirmant des informations de la CGT.
«A Angers, l'intervention a été décidée et menée par une cinquantaine de salariés grévistes», a déclaré à l'AFP Jean-Marc Bozzani, représentant CGT et animateur régional de la fédération des mines et de l'énergie pour les Pays-de-La-Loire, qui déplore des augmentations de salaires de 0,3% cette année, sur fond de forte inflation. Et le syndicaliste de critiquer la faiblesse de ces augmentations, alors que RTE a réalisé en 2021 quelque 661 millions d'euros de bénéfice net (+27%).
Une usine de construction de poids lourds du groupe Scania a également été affectée : à 13h30 le courant a été remis mais «sur un site aussi grand que le nôtre, relancer notre activité prend du temps, entre une heure et une heure et demie», a déploré Jean-Philippe Martin, responsable communication de la société.
Contacté par l'AFP, le CHU d'Angers a également été touché. Au bout de quelques secondes, trois groupes électrogènes ont pris le relais pour alimenter l'ensemble du CHU où aucun dysfonctionnement n'a donc été observé.
Auparavant, dans la nuit du 1er au 2 juin, «il y a eu des coupures volontaires en lien avec les mouvements sociaux dans la région de Béthune [Pas-de-Calais], qui ont concerné 85 000 foyers coupés entre 23h30 et 01h40», avait fait savoir RTE.
Une grève qui dure depuis plusieurs mois
RTE a indiqué qu'il allait porter plainte, comme il le fait systématiquement contre ce type d'«actes de malveillance».
Il n'y avait pas d'autres coupures à déplorer en début d'après-midi, mais cela ne présageait en rien de la suite du mouvement, d'autres sites étant toujours occupés. C'est notamment le cas au poste de Coulange, en Ardèche, à la sortie de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, selon Francis Casanova, délégué syndical central CGT pour RTE, qui a précisé : «C'est une forme d'avertissement, de moyen de pression pour dire qu'il y a des actions possibles.» Un autre poste était également occupé selon lui du côté de Villeurbanne, pouvant laisser craindre des coupures à Lyon.
Chez EDF, quelque 26,7% des effectifs présents étaient mobilisés à la mi-journée, selon l'intersyndicale, la direction évoquant un taux de gréviste de 22,6%.
Parmi les salariés mobilisés, ceux de RTE observent un mouvement de grève depuis plus de trois mois, également pour obtenir une revalorisation des salaires. Les employeurs du secteur ont proposé une rencontre pour le 20 juin, selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT, ce qui analyse ainsi la situation : «Ça fait des mois qu'ils ont les revendications, ça fait 15 jours qu'ils ont le préavis de grève ! On exige une ouverture des négociations immédiate sur le salaire national de base.»
Le préavis court jusqu'au 13 juin mais pourrait «largement être prolongé», a précisé Fabrice Coudour, rejetant la responsabilité de ces actions sur les employeurs qui, selon lui, «ne veulent pas répondre aux revendications». Le 1er juin, Fabrice Coudour avait évoqué des coupures «ciblées», dans des «lieux de décision de nos entreprises ou du gouvernement», affirmant alors vouloir épargner les particuliers et les industriels extérieurs au conflit.