Jean-Pierre Chevènement, 83 ans, ancien ministre de l'Education nationale et soutien d'Emmanuel Macron à la présidentielle, a mis en garde le 24 mai contre «l'enterrement de la politique mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer depuis cinq ans» après la nomination de Pap Ndiaye à la tête du ministère de la rue de Grenelle.
Le souci du long terme et la préservation des valeurs de la connaissance et de la transmission vont de pair
«Il n'y a pas plus sûre méthode pour désorienter une grande institution comme l'Education nationale que de la confier tour à tour à deux ministres dont les philosophies de l'Etat s'opposeraient», a prévenu l'ancien ministre de François Mitterrand dans un communiqué transmis à l'AFP. «C'est de cela que l'école a souffert depuis un demi-siècle, avec les résultats que nous voyons», a poursuivi Jean-Pierre Chevènement, qui a lui-même été ministre de l'Education nationale de 1984 à 1986.
La nomination de Pap Ndiaye, historien spécialiste des Etats-Unis et des minorités, est apparue comme la principale surprise du nouveau gouvernement, mené par Elisabeth Borne, en raison notamment de positions très différentes du précédent ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Ce choix a provoqué un tir de barrage de l'opposition de droite et du Rassemblement national, qui ont souligné l'intérêt de l'ancien directeur du Musée de l'immigration pour les sciences sociales américaines intégrant la notion de races, à l'opposée de l'approche universaliste de la République française.
Chevènement loue le bilan de Blanquer
Alors que Jean-Michel Blanquer s'est régulièrement inquiété de phénomènes «woke» ou de l'«islamo-gauchisme», Pap Ndiaye a, lui, douté à plusieurs reprises du bien-fondé de ces concepts.
«Le souci du long terme et la préservation des valeurs de la connaissance et de la transmission vont de pair», souligne Jean-Pierre Chevènement, en saluant les réformes menées par Jean-Michel Blanquer, dont il fut un fervent partisan : «Dédoublement des petites classes dans les quartiers difficiles, accents mis sur les apprentissages fondamentaux dès les premiers âges de la scolarité afin de lutter contre les inégalités, promotion et défense des valeurs de la laïcité, ouverture de l’école, universalisme».
«Pense-t-on que le différentialisme promu par la gauche américaine [à travers le Conseil représentatif des associations noires, par exemple] puisse contribuer à l’égalité républicaine ?», interroge-t-il encore, en faisant référence au CRAN, dont Pap Ndiaye fut membre du Conseil scientifique.