Débat animé ou cour de récréation ? Chacun appréciera la teneur et la qualité des échanges entre l’ancien député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry, ministre de l’Education nationale sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, qui se sont copieusement insultés dans l'émission En toute franchise, diffusée sur LCI le 22 mai 2022.
Tout avait pourtant bien commencé, l'animateur Adrien Gindre accueillant «Dany et Luc» pour un nouveau débat sur l'actualité politique, avec de premiers échanges tout à fait cordiaux et policés. Mais la situation a vite dégénéré dès que la nomination de Pap Ndiaye à l'Education nationale, qui a suscité une controverse jusqu'au sein de la majorité, a été abordée.
Après de premières piques autour de la théorie de la race, «inventée aux Etats-Unis» et promue par le nouveau ministre à rebours de «l'universalisme républicain», selon Luc Ferry, Daniel Cohn-Bendit a estimé qu’«il y a dans la société française, et dans les institutions françaises, du racisme, de l'antisémitisme…», ce qui lui a valu d'être brusquement interrompu par son contradicteur. «Dans les institutions françaises ? Lesquelles ? Dis-moi lesquelles ?», lui a-t-il demandé, très agacé.
L'ancien député européen en a alors remis une couche : « Il y a par exemple dans la police du racisme», a-t-il maintenu face à un Luc Ferry ulcéré, pour qui, au contraire, «il y a des gens racistes, il n'y a pas dans la police du racisme». «C'est ce que je veux dire, allez, arrête», a d'abord concédé Daniel Cohn-Bendit, avant de sortir de ses gonds lorsque son interlocuteur lui a reproché de raconter des «conneries». «Laisse-moi finir maintenant j'en ai marre. Même si je dis des conneries, j'ai le droit de parler», a-t-il fulminé avant de lâcher un peu élégant «Ta gueule !» et de s’attirer en retour une réplique du même niveau de Luc Ferry : «La tienne, pauvre crétin va !»
Après cette montée de tensions, le débat a cependant repris plus calmement, Daniel Cohn-Bendit continuant à critiquer «l'universalisme de façade» de la République française. Il ne s'agit pas de la première joute verbale assortie d'insultes pour l'ancien leader de la contestation étudiante de 1968, qui s'était déjà illustré face à l'eurodéputé du Rassemblement national Gilbert Collard deux ans plus tôt, sur TF1. Les deux hommes s'étaient jetés à la tête diverses invectives, d'«ignoble ordure» à «connard» en passant par «sale traître».