Depuis de nombreuses semaines, le chef de file du parti Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale, Damien Abad, faisait partie des noms cités comme potentielles prises de guerre de la macronie. Eludant un éventuel ralliement vers Emmanuel Macron, Damien Abad a agacé plusieurs cadres LR. Ceux-ci ont depuis plusieurs jours demandé que l'élu de l'Ain soit clair sur ses intentions.
Dans une interview pour Le Figaro, le député de l'Ain n'a pas souhaité commenter une éventuelle entrée dans le gouvernement. Il affirme néanmoins «quitter [s]a fonction de président du groupe LR à l’Assemblée dans un souci de clarté, de cohérence et de responsabilité», et se mettre en «congés» de son parti. «Je ne me reconnais plus dans la démarche LR», ajoute-t-il, regrettant «que certains au sein de [sa] famille [politique] fassent d’Emmanuel Macron l’adversaire numéro un».
Lassé depuis des semaines sur l'«ambiguïté» qu'entretient Damien Abad, le président du parti, Christian Jacob a informé sur Twitter le 19 mai – peu avant l'interview du Figaro – avoir «signifié à Damien Abad qu’il devait dès maintenant quitter ses fonctions de président du groupe Les Républicains». Selon Christian Jacob, Damien Abad lui aurait demandé à «un délai supplémentaire pour attendre la composition du gouvernement». «Dans ces conditions, je lui ai signifié qu'on ne pouvait pas attendre le bon vouloir de Monsieur Macron de le prendre ou de ne pas le prendre au gouvernement», a ajouté Christian Jacob.
D'autres cadres LR ont été désappointés par l'attitude de Damien Abad, à l'instar du député Pierre-Henri Dumont. Selon lui, Damien Abad a «dépassé les limites du respect qu’il nous doit». «Dans ces conditions, il ne peut rester Président du groupe», a-t-il abondé.
Pour Julien Aubert, il n’y a pas besoin «de 24, 36 ou 48h pour savoir si le président du groupe LR veut être dans l’opposition LR ou la majorité LREM en cas de réélection».
Dans la même veine, Nadine Morano a estimé que «rester parce qu’on n’est pas ministre ou partir uniquement si on est ministre… l’hésitation est déjà une compromission. Allez au revoir».
D'autres cadres LR, comme Gilles Platret, avaient aussi demandé la démission de Damien Abad de la présidence LR de l'Assemblée nationale, le parti se situant officiellement dans l'opposition à Emmanuel Macron.
Laconiquement, le sénateur Alain Houpert a d'ailleurs déclaré sur Twitter : «"Tchao pantin" pour paraphraser Coluche !»
Damien Abad est de nouveau candidat dans la cinquième circonscription de l'Ain pour les législatives 2022. Les macronistes ont choisi de n'opposer aucun candidat face à lui. «Il n’y a aucune contrepartie. C’est un choix de la majorité présidentielle et je ne suis pas un cas isolé», a assuré l'ancien chef de file des députés LR au Palais Bourbon.