France

Grenoble: le préfet de l'Isère saisira la justice en cas d'autorisation du burkini dans les piscines

Alors que le conseil municipal de Grenoble s'apprête à voter l'autorisation du burkini dans les piscines de la ville, la préfecture a dores et déjà annoncé qu'elle lancerait un recours en justice sur demande de Gérald Darmanin.

Dans un communiqué du 15 mai, la préfecture de l'Isère a averti qu'elle contesterait l’autorisation du burkini dans les piscines municipales de la ville de Grenoble si le Conseil municipal venait à l'adopter comme il entend le faire ce 16 mai par le biais d'une modification du règlement intérieur. 

«Depuis deux semaines, le maire de Grenoble s’est exprimé sur le sujet dans les médias locaux et nationaux, pour expliquer le sens de cette évolution. Il ressort de ces prises de parole que l’objectif principal de cette modification consiste à autoriser dans les piscines de la ville de Grenoble le port du burkini sous couvert des seules règles d’hygiène», déplore la préfecture.

Je suis ravi que le gouvernement nous attaque

L'édile écologiste et sa majorité sont ainsi accusés de «céder à des revendications communautaristes à visées religieuses», qui seraient contraires à la loi de 1905 sur la laïcité et la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. Le communiqué précise que la préfecture saisira le tribunal administratif de Grenoble sur instruction du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin «par le biais d’un référé laïcité» pour suspendre la mesure, en «complément du déféré d’annulation».

Eduquer «les regards des garçons»

«Je suis ravi que le gouvernement nous attaque», a réagi pour sa part le maire de Grenoble Eric Piolle à Franceinfo.

L'élu a fait valoir que ce type de mesure est déjà en vigueur à Rennes (depuis 2018) et dans d'autres villes de France sans que l'Etat ne s'en émeuve. «Enlevons les interdits. Pourquoi toujours réglementer le corps des femmes ? Appliquons la loi», a dit encore celui qui souhaite éduquer «les regards des garçons» et de l'exécutif sur le corps des femmes. 

Le maire de Grenoble souhaite que le règlement des piscines soit modifié, notamment son article 12 qui exige des usagers une «tenue décente» et «une attitude correcte». Pour lui, il n'est pas spécifiquement question de burkini mais de lever les «injonctions sur le corps des femmes» qui seraient contenus dans ce texte de 2012. Il y est écrit que les baigneurs doivent être vêtus d'un maillot de bain recouvrant «au minimum la partie située entre le haut des cuisses et la ceinture et au maximum la partie située au-dessus des genoux et au-dessus des coudes».

Concrètement cela reviendrait à autoriser la baignade seins nus ou encore l'usage du burkini ce qui est dénoncé par les opposants au maire comme une concession aux communautaristes. 

«En tant qu'élu de la nation il devrait se remettre en question car j'ai l'impression qu'il ne se rend pas compte du mal qu'il est en train de faire à nos valeurs républicaines», a déclaré sur Radio J la porte-parole de LREM Prisca Thévenot, qui a jugé le projet «absolument grave» le 15 mai. Le président de région LR Laurent Wauquiez a quant à lui menacé le 2 mai la mairie de lui couper les fonds si elle persistait dans cette démarche. 

«Monsieur Piolle projette d’autoriser le burkini dans les piscines municipales. Je mets le maire en garde : dans ce cas, la Région coupera toute subvention à la ville de Grenoble. Pas un centime des Auvergnats-Rhônalpins ne financera votre soumission à l’islamisme», avait-il écrit dans un tweet. 

«Au lieu de s'occuper des piscines de Grenoble, si jamais il veut aller dans sa croisade contre le voile, il pourrait décider d'interdire le voile dans les trains express régionaux. Ça va dépendre de sa responsabilité, donc qu'il fasse sa croisade dans les endroits où il est en responsabilité et qu'il laisse les piscines de Grenoble tranquilles», a déclaré le maire de Grenoble en guise de réponse.