La cour d'appel de Paris a confirmé ce 12 mai la relaxe prononcée en première instance en faveur d'Eric Zemmour jugé pour «contestation de crime contre l’humanité» pour avoir soutenu que le maréchal Pétain avait «sauvé» des juifs français durant la Seconde Guerre mondiale.
L'ancien candidat de Reconquête! à la présidence de la République n'était pas présent à l'audience, mais son avocat, Olivier Pardo, a exprimé son «immense satisfaction» après la décision de la cour. «C'est un message à tous ceux qui veulent lancer des attaques infamantes, utilisant les drames de la Seconde Guerre mondiale pour des affaires politiques. C'est la liberté d'expression qui a gagné», s’est-il réjoui à la sortie de la salle d'audience. La cour n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général qui, lors du procès en appel, en janvier, avait réclamé une peine de 10 000 euros d'amende.
Le débat sur le rôle de Vichy envers les citoyens juifs français doit être tranché par les historiens et non par la justice, estime Zemmour
Les propos contestés d'Eric Zemmour remontent au 14 octobre 2019, lors d’un débat – dans l'émission Face à l'info dont il était chroniqueur sur CNews – avec Bernard-Henri Lévy. «Un jour [...] vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs français. C’est une monstruosité, c'est du révisionnisme», s’était indigné le philosophe. «C’est encore une fois le réel, je suis désolé», lui avait répondu Eric Zemmour. Lors du procès en première instance, le polémiste s'était défendu de toute contestation de crime contre l’humanité et avait estimé que le débat sur le rôle du régime de Vichy (1940-1944) envers les citoyens juifs français devait être tranché par les historiens et non par la justice.
Dans le jugement le relaxant, le tribunal avait estimé que les propos contestés d'Eric Zemmour avaient été prononcés «à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie». Le tribunal avait néanmoins reconnu que ses mots contenaient «la négation de la participation [du maréchal Pétain] à la politique d'extermination des juifs menée par le régime nazi».
Les sorties d'Eric Zemmour lui ont valu une quinzaine de poursuites en justice, notamment pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l'humanité. Il a été condamné à plusieurs reprises par des tribunaux au pénal, dont la dernière fois en janvier 2022 pour «provocation à la haine et à la violence» et «injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine» pour des propos sur les mineurs migrants isolés, un jugement dont il a fait appel. Il a aussi été définitivement condamné à deux reprises pour «provocation à la haine» pour des propos tenus en 2010 et 2016. Dans toutes ces affaires, il rétorque être victime d'un «délit d'opinion».
«La justice française a tranché aujourd'hui. Ceux qui me traitent de pétainiste ont moralement, historiquement et désormais juridiquement tort», a réagi Eric Zemmour sur Twitter, y voyant «une bonne chose de faite» alors qu'il se lance dans la campagne des législatives.
Le président de Reconquête! a en effet annoncé, le 12 mai également, qu'il s'impliquait dans la bataille des législatives dans la 4e circonscription du Var, celle de Saint-Tropez. Il y avait obtenu 14,7% des voix au premier tour de la présidentielle, contre 32,2% pour Marine Le Pen et 24,1% pour Emmanuel Macron. Avec l'un de ses meilleurs scores nationaux dans la ville huppée de Saint-Tropez, y recueillant 22,4% des suffrages. Le président de Reconquête! aura notamment face à lui un candidat du RN, Philippe Lottiaux, la députée sortante macroniste Sereine Mauborgne, et l'insoumise Sabine Cristofani-Viglione. Eric Zemmour tiendra un meeting sur la plage des Marines à Cogolin le 12 mai.