Selon des enquêtes de BFM TV et Mediapart, publiées le 11 mai, le retrait du militant controversé Taha Bouhafs (La France insoumise – LFI) pour les élections législatives serait dû à une enquête interne ouverte par LFI à son encontre pour des faits de harcèlement et de violences sexuelles.
BFM TV assure que LFI a reçu au moins trois témoignages contre l'activiste. Pour l'instant, la chaîne d'information fait savoir que les présumées victimes n'ont pas porté plainte auprès des autorités.
La France insoumise a confirmé l'information dans un communiqué publié dans la journée, ne faisant cependant état que d'un témoignage : «Le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles, mis en place au sein de la France insoumise, a bien été saisi le samedi 7 mai d’un témoignage relatant des faits supposés de violences sexuelles reprochées à Taha Bouhafs.»
«Il lui a été signifié qu’en raison de la gravité des faits supposés, par principe de précaution, et conformément aux textes définissant les principes du mouvement, la France insoumise pouvait être amenée à ne pas l’investir. Après cette confrontation et avant même la fin de notre procédure interne, Taha Bouhafs a fait le choix de renoncer de lui même à l’investiture pour les élections législatives», indique LFI dans sa publication.
Dans la soirée du 9 au 10 mai, Taha Bouhafs – qui s'était illustré en étant l'un des leaders de la marche controversée contre l'islamophobie en novembre 2019 – avait annoncé le retrait de sa candidature. Des personnalités, y compris à gauche comme le communiste Fabien Roussel, dénonçaient l'investiture de Taha Bouhafs, rappelant qu'il avait été condamné en première instance pour injure raciale.
L'activiste avait malgré tout reçu le 10 mai le soutien de Jean-Luc Mélenchon qui avait décrit «une meute [qui] s'est acharnée contre lui [Taha Bouhafs]». Un message de soutien quelque peu surprenant puisque le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de LFI affirme avoir été saisi trois jours plus tôt, le 7 mai.
A en croire Mediapart des témoignages à l'encontre de Taha Bouhafs auraient même été recueillis quelques jours avant, le 2 mai. Caroline De Haas, militante néoféministe et soutien de Jean-Luc Mélenchon et de l'union de la gauche derrière LFI, a par exemple reçu début mai «deux témoignages différents [contre Taha Bouhafs], de personnes qui ne se connaissent pas». «Ces témoignages m’ont paru suffisamment sérieux et inquiétants pour prévenir LFI », a-t-elle affirmé auprès du média en ligne.
Suppression des messages de soutien
Après l'annonce publique de l'enquête interne par voie de presse le 12 mai, certains des soutiens de Taha Bouhafs – qui, pour une partie, avaient dénoncé auparavant un acharnement raciste – ont préféré supprimé leurs tweets, à l'instar de l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot ou du conseiller numérique de Jean-Luc Mélenchon, Antoine Léaument.
L'un des chefs de file du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou, a pour sa part tweeté le 11 mai : «Nous apprenons les accusations de violences sexuelles portées contre Taha Bouhafs. Comme dans tous les cas d'agression, pour nous, pas question de transiger : nous croyons les victimes qui osent rendre publics ces faits. Nous les assurons de notre soutien, sans conditions.»
Contacté par Mediapart le 11 mai sur son retrait pour les législatives et les accusations le visant, Taha Bouhafs explique de son côté qu'il était «à bout». «Le signalement a été la dernière goutte qui m'a conduit à me retirer [...] Cela fait partie des calomnies évoquées dans mon communiqué», ajoute-t-il. Selon lui, l'accusation pour «violence sexuelle» proviendrait d'une «ex-petite amie».