Le policier qui a tué dans la soirée du 24 avril deux occupants d'une voiture soupçonnée d'avoir forcé un contrôle près du Pont-Neuf à Paris, a été entendu par l'IGPN. Il a par la suite été placé en garde à vue, a annoncé le parquet, confirmant une information de RTL.
«Cette mesure, prise notamment en raison de la gravité des conséquences des tirs de l'intéressé et afin de vérifier avec précision les conditions d'usage de son arme par celui-ci, est toujours en cours», a précisé le parquet.
Selon le compte rendu d'intervention de la police consulté par l'AFP, le 24 avril peu avant minuit, une patrouille de cinq policiers s'est dirigée vers une voiture garée en contresens, feux de détresse allumés, quai des Orfèvres sur l'île de la Cité, afin de le contrôler. Alors que les policiers s'approchaient de l'avant de la voiture, celle-ci a démarré et «foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter», toujours selon ce rapport.
«Le seul» policier armé d'un fusil d'assaut a alors ouvert le feu sur le véhicule qui prenait la direction du Pont-Neuf où il a terminé sa course après être monté sur un terre-plein. Selon les premiers éléments de l'enquête, une dizaine de cartouches ont été tirées dont «cinq ou six impacts ayant atteint les individus».
Le conducteur âgé de 25 ans, retrouvé inerte au volant, et son passager avant, 31 ans, découvert allongé sur le sol à droite de la voiture, sont décédés sur place malgré les soins prodigués par les services de secours.
«Un homme de 42 ans, passager arrière du véhicule, a quant à lui été blessé sans que son pronostic vital ait été engagé», a annoncé le parquet de Paris. Il est inconnu des services de police, selon une source policière. Les deux hommes décédés sont «défavorablement connus, entre autres pour stupéfiants», selon une source proche du dossier.
Les motifs du contrôle policier n'étaient pas encore établis le 25 avril à la mi-journée, ni même la raison de la présence de la voiture quai des Orfèvres. Les premiers éléments recueillis par les enquêteurs ont permis d'écarter rapidement la piste terroriste. La procureure de Paris Laure Beccuau s'est rendue vers 1h30 sur les lieux, où un important dispositif policier était déployé, selon un journaliste de l'AFP
Deux enquêtes ouvertes par le parquet de Paris
Le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes. La première pour «tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique» porte sur les circonstances d'un possible refus d'obtempérer et a été confiée au 1er district de police judiciaire. La seconde enquête a été ouverte «du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et confiée à l'IGPN, a précisé le parquet. Elle devra notamment déterminer si le policier a agi en état de légitime défense.
Selon le compte rendu policier, un chauffeur de taxi, qui dit avoir assisté à toute la scène, a «confirmé la légitime défense évoquée par les fonctionnaires». «Des investigations techniques et scientifiques ont également été sollicitées afin de mettre au jour les circonstances des tirs qui ont entraîné la mort et les blessures des occupants du véhicule», a précisé le parquet.